■ À L’HONNEUR
Trilogie Métro Paris 2033
Sollicité par le Russe Dmitry Glukhovsky en vue d’étendre les aventures de son cycle Métro 2033 vers d’autres horizons (Métro 2033, Métro 2034 et Métro 2035), Pierre Bordage répond par l’affirmative et entreprend l’écriture d’une version dont le contexte serait tout naturellement le métro parisien. Le cycle Métro Paris 2033, disponible aux éditions L’Atalante et comprenant Rive Gauche, Rive Droite et Cité offre ainsi d’autres péripéties se situant dans l’univers de Métro 2033, avec comme prémices communes cette guerre nucléaire généralisée ayant contraint les rarissimes survivants à s’établir dans les sous-sols du métro. On y suit les affres des uns et des autres, les horreurs du quotidien le disputant à de fols espoirs, dont celui de pouvoir peut-être regagner une surface, devenue avec le temps légendaire. Fascinante plongée dans les tréfonds obscurs du métro parisien, tout comme dans ceux non moins obscurs de l’âme humaine. La plume de Pierre Bordage se montre toujours aussi précieuse : il le fallait bien pour nous faire vivre les cinquante nuances de souffrance — et d’espoir — propres à cette dystopie postapocalyptique…

Tome 1 : Rive gauche
Tome 2 : Rive droite
Tome 3 : Cité
Tome 1 : 28 mai 2020
Tome 2 : 25 mars 2021
Tome 3 : 21 avril 2022
Tome 1 : 464 pages
Tome 2 : 464 pages
Tome 3 : 464 pages
Tome 1 : 23,90 euros
Tome 2 : 24,50 euros
Tome 3 : 24,50 euros
© Éditions L’Atalante, 2020, 2021, 2022
© Pierre Bordage, 2020, 2021, 2022
Une foudroyante et terrible pluie de missiles nucléaires s’est abattue sur l’Europe le 3 mars 2033, à 20 h 33. Tout comme sur le reste du monde, où le jeu des ententes et des représailles a littéralement vitrifié la surface des continents. Cette guerre fratricide s’est vue opposer l’Axe de l’Est contre l’AAS — Alliance américano-sino-européenne. Si la majeure partie des habitants ont succombé dès les premiers jours sous l’impact du feu nucléaire ou finirent rongés par les retombées radioactives, d’autres ont trouvé refuge dans les sous-sols du métro parisien. Il s’est écoulé cinq cent soixante-trois ans depuis cette fatidique date du 3 mars 2033. Nous sommes en l’an 2596, et la vie se maintient tant bien que mal dans les diverses stations du métro parisien. Plus mal que bien d’ailleurs, au regard des difficultés sans cesse croissantes que représentent de telles conditions d’une vie au confinement aussi radical. Des communautés n’ont pas manqué de se constituer, luttant chacune pour leur propre survie, luttant et menant constamment bataille afin de préserver les moindres et fragiles ressources que daignent délivrer les innombrables galeries du métro. Divisé en statiopées — regroupement de plusieurs stations — et en stations indépendantes, et auxquelles s’ajoutent quelques bandes nomades, le métro parisien offre une diversité d’habitants pour le moins singuliers, où les humains se voient concurrencer par une population mutante bigarrée et par une bien étrange faune locale… C’est au sein de ce contexte que la Madone de Bac, femme guerrière et idéaliste, décide de mener bataille afin de promouvoir un gouvernement général, démocratique et pacifié répondant au nom de Fédération. Afin de lutter contre les cruelles injustices qui règnent au nom du darwinisme biologique et social et qui accentuent les famines et les maladies, armée d’une petite armée, cette dernière entreprend de parcourir Rive Gauche afin de convaincre les régents des diverses statiopées et stations indépendantes de rejoindre son mouvement politique. C’est sans compter l’avidité et la cruauté humaines qui sévissent généreusement en divers endroits de Rive Gauche, notamment dans la statiopée Montparnasse où règne d’une main de fer — doux euphémisme — le pasteur Parn, représentant suprême de la religion de l’Élévation. Les rituels sanglants orchestrés par les servants de cette croyance, sous le regard d’un public de fidèles endoctrinés et fanatisés, consistent à ramener à la surface — toujours supposément radioactive — celles et ceux qui dérogeraient aux règles de l’institution. Lesdites victimes se verraient ainsi délivrées de leurs souffrances terrestres en un dernier hommage à Lune et à Soleil, corps célestes devenus en ces temps de régression entités mythologiques. Façon des plus commodes en réalité pour le pasteur Parn de se débarrasser de tous les opposants à son régime, et notamment de tous les mutants envers lesquels il développe une irrépressible aversion. Par la mutation de leur patrimoine génétique, ces derniers représentent une insulte et un danger pour les humains au patrimoine génétique toujours sain. Danger d’autant plus menaçant que ces mutants se montrent de plus en plus nombreux par ailleurs… Parmi ceux-ci, figurent les dvinns, jeunes filles devineresses dont les pouvoirs psi leur permettent d’accéder à d’autres temporalités, lesquelles dvinns laissent entendre que la surface ne serait plus radioactive… Et le lecteur de suivre, conjointement, l’impossible marche de Madone au sein des nombreuses stations, la fuite hasardeuse vers Rive Droite de Juss et de Plaisance, jeunes adolescents épris l’un de l’autre, et la confrontation sans merci entre Parn et son secrétaire Augir. Autant de chemins escarpés qui ne manqueront pas de se rejoindre à la croisée d’un dénouement dont Bordage a le secret…
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