Jérôme Noirez
Jérôme Noirez
Publié aux éditons Les Humanoïdes Associés, Contact, sorti au mois de février, est le dernier volet de la trilogie Exo. Sur la Lune comme sur la Terre, il nous engage dans une lutte contre des extraterrestres qui veulent anéantir notre civilisation. Ce récit haletant, plein de rebondissements est conduit par le trait de Philipe Scoffoni et la plume de Jerry Frissen. Ils signent un album qui conclut avec éclat et imagination les intrigues développées dans les deux premiers tomes.

Infos pratiques

Exo – Contact

Jerry Frissen

Philippe Scoffoni

Philippe Scoffoni

Belgique (Frissen) et France (Scoffoni)

Les Humanoïdes Associés

Inédit

Février 2018

Tome 3/3

48 pages

24×32 – Couleurs

14,20 euros

978 2 7316 03408

© Les Humanoïdes Associés, 2018 – © Jerry Frissen et Philippe Scoffoni, 2018

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EXO – MOON STRIKE
Exo – Darwin II – © Éditions Les Humanoïdes Associés, 2016 – © Jerry Frissen et Philippe Scoffoni, 2016

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EXO – DARWIN II

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Rencontre avec Philippe Scoffoni 

Exo – Contact

Jerry Frissen &
Philippe Scoffoni

Éditions Les Humanoïdes Associés

Chronique réalisée par Lionel Gibert et Jean-Marc Saliou

La vie ailleurs

Terre et système solaire / Futur proche

Science-Fiction, Planet Opera

NOTRE ÉVALUATION

Dessin
Personnages
Histoire
Vidéos
liens Internet

HISTOIRE

Souvenons-nous : la dernière planche du tome précédent d’Exo révélait la menace imminente qui pèse sur l’humanité : une bombe EMP de forte puissance. Sans conséquences directe sur les vies humaines, son explosion annihilerait néanmoins tous les systèmes électroniques et électriques renvoyant notre technologie à celle de l’âge du néolithique. Sur la lune, l’équipe dirigée par le commandant Linden, après avoir essuyé une attaque extraterrestre, localise leur base lunaire. Il est bien décidé à y entrer pour y chercher des réponses et retrouver son lieutenant Aguilar, lequel a désobéi aux ordres.

Au même moment, sur la base navale de Nellis, les hallucinations poursuivent John Kœnig. Il voit des micro-organismes qui passent à l’attaque. Quel sens donner à ces visions fugaces ? Le temps presse : sa fille Io est toujours retenue et sa vie est en danger. Comment faire surgir ces hallucinations ? Il se souvient : la drogue pourrait l’y aider. Sous son emprise, John voit des virus envahissants les cellules d’une créature extraterrestre, qu’ils finissent par tuer. Morte, celle-ci gît dans l’océan près d’une cité sous-marine. Dernier flash avant la descente : un groupe d’îles dans l’océan atlantique. Mais où, précisément ? Ces visions racontent une histoire. Elles sont manifestement la clé pour nous sauver. Les événements se précipitent alors : partout dans le monde, des anomalies sous-marines sont détectées. John rejoint le commandant Deborah Kaminsky pour tenter de localiser et détruire cette menace.

À bord d’un bateau confisqué à son propriétaire Doug, Gus et Aaron toujours sous l’emprise des extraterrestres, naviguent à pleine vitesse vers une destination inconnue. Otages, Io et Doug sont spectateurs involontaires et effrayés. Arrivés sur place, Gus et Aaron s’équipent, prêts à plonger, après avoir abandonné les otages dans le bateau qu’ils font couler. Ils partent afin de déclencher la bombe. Que découvriront Linden et ses hommes sur la base lunaire extraterrestre ? Comment John Kœnig et le commandant Kaminsky localiseront-ils la cité sous-marine et la bombe ? Parviendront-ils à la détruire ? John Kœnig réussira-t-il enfin à sauver sa fille, Io ?

Exo – Contact – © Éditions Les Humanoïdes Associés, 2018 – © Jerry Frissen et Philippe Scoffoni, 2016

Lecture

Contact est le dernier volet de la trilogie Exo. Il clôt le récit de notre première rencontre avec des extraterrestres, commencée deux ans auparavant. La couverture de ce tome, comme celles des précédents, Darwin II et Moon Strike, est soignée, tant au niveau des dessins que des couleurs. Chaque couverture est une partie d’une seule et même illustration qui apparaît dans sa globalité lorsque les couvertures de chaque tome sont mises côte à côte. Elles forment une unité narrative. Tous les éléments importants de l’intrigue sont présentés sans nous dévoiler l’histoire. En arrière-plan et sur la partie gauche de cette planche, se dessinent un membre de l’équipe dirigée par le commandant Linden dans sa combinaison spatiale, et cinq humains devant une station essence. Nous l’apprendrons dans le tome Darwin II, ces derniers sont sous l’emprise d’une entité d’origine inconnue. En arrière-plan sur la partie droite de la planche, trois scènes marquantes du troisième et dernier tome nous conduiront au dénouement. Un sous-marin s’approche d’une cité engloutie, tandis qu’apparaît le visage du commandant Deborah Kaminsky, lequel mènera les recherches de la bombe EMP avec l’aide de John Kœnig, consultant une carte à la recherche d’informations. Enfin, au premier plan, la Lune et deux moments clés du tome Moon Strike occupent la partie centrale de la planche. Cette Lune, l’un des lieux de cette histoire où les extraterrestres ont installé une base. Première scène : la mort prématurée d’une jeune serveuse Julia sous l’emprise des aliens. Deuxième scène : le visage de Charles sous leur contrôle, lui aussi, révèle des informations capitales avant de s’éteindre. Au loin, un vaisseau spatial terrien se détache. Il vient de se positionner en orbite autour de la Lune. Celle-ci, dont les contours débordent de la partie centrale de la planche, se prolonge vers les extérieurs qui forment les couvertures des tomes Darwin II et Contact.

Comme pour les tomes précédents, Jerry Frissen et Philippe Scoffoni nous offrent un récit haletant par un découpage graphique dynamique et un scénario aux multiples rebondissements. Nous vivons alternativement les péripéties du commando militaire envoyé sur la Lune, celles de John Kœnig, associé au commandant Kaminsky, et celles des otages Io et Doug, prisonniers de Aaron et Gus. Au bas de la page 27, Gus et Aaron sont partis pour activer la bombe. Ils laissent Doug et Io attachés au siège du bateau. L’eau monte, le bateau s’enfonce inexorablement. Dernier plan : des avions de chasse survolent la zone du naufrage. Verront-ils à temps Io et Doug pour les sauver ? Il faudra attendre. La page suivante démarre une autre séquence avec le commando envoyé sur la Lune. Les auteurs ménagent savamment un suspens de bonne facture. Notre imagination travaille, invitant le lecteur à participer au scénario. Les séquences sont développées parallèlement, s’entremêlant habilement, avec pour chacune d’entre elles, une chute toujours soignée.

Les auteurs alternent un découpage en trois ou quatre bandes typique de la bande dessinée franco-belge, avec une mise en scène proche des comics étatsuniens. Ainsi, les cases, deux à trois par bandes, gagnent en embonpoint. Les effets graphiques sont plus efficaces, offrant une planche plus attractive. Le découpage graphique de plusieurs planches se montre ainsi atypique. En arrière-plan et sur toute la surface de la page 28, l’intérieur de la base lunaire alien, milieu aquatique aux teintes tirant sur le vert, est occupé par des formes géométriques aux fonctions inconnues. Deux membres du commando se détachent de cet arrière-plan mystérieux. Ils sont les acteurs de la scène à venir. La scène narrative se superpose partiellement sur ce plan d’ensemble. À la lecture, notre regard reste imprégné par le décor, retenant notre attention. L’immersion est totale. La superposition d’une scène sur un plan d’ensemble est souvent employée, soit pour amorcer une scène d’action, occupant alors tout l’arrière-plan ou seulement le tiers supérieur, soit pour terminer une scène d’action, occupant cette fois-ci le tiers inférieur de l’arrière-plan. Le mouvement, composant essentiel de la dynamique d’un récit, est suggéré par les cadres choisis par Jerry Frissen et Phillipe Scoffoni. Lors du trajet qui conduit les deux protagonistes vers le lieutenant Aguilar, les points de vue changent : la caméra tourne en spirale autour d’eux.

Pour autant, si les deux premiers tomes — et notamment le premier — avaient su nous tenir en haleine, ce troisième opus ne parvient pas à réitérer l’exploit. En fin de deuxième tome, la tension était à son paroxysme, en raison d’événements habilement imbriqués. Dans ce troisième opus, ici, nous sommes quelque peu déçus par un dénouement précipité. Cette histoire, dont on ne peut que saluer la richesse de la thématique, aurait bien mérité un quatrième tome afin de développer au mieux certains aspects. De nombreux éléments restent en suspens. Que se passe-t-il après le lancement des torpilles ? Comment la relation entre les humains et les extraterrestres va-t-elle évoluer ? Ce dernier sujet est à peine évoqué, alors qu’il s’avère pourtant primordial. Quid également de la relation naissante entre Déborah Kaminski et John Kœnig ? S’oriente-t-elle vers une concrétisation ? Trop d’interrogations demeurent sans réponses. Cela est d’autant plus dommageable au regard de la qualité des deux premiers tomes, fort captivants dans leur dimension narrative. En outre, le dessin de Scoffoni, malgré une science des cadrages et du découpage toujours aussi efficace, se montre parfois moins percutant.

La série Exo n’en constitue pas moins une trilogie fort divertissante à lire et à relire. Elle nous immerge dans univers d’anticipation réaliste. Elle ne manque pas également de servir au lecteur une palette riche d’émotions : crainte, sympathie, envie, surprise et amour, au travers de la romance qui s’installe entre John Kœnig et le commandant Déborah Kaminsky.

Vidéos

Bande-Annonce Exo T3/3. Les Humanoïdes Associés – Humanoids.

Sommes-nous seuls dans l’univers ? Chasseurs d’exoplanètes #3. William Barber.

Sites internet