Jérôme Noirez
La Tour Sombre, seul cycle de l’écrivain Stephen King, conte les aventures du dernier pistolero encore vivant, Roland de Gilead, dont la figure fait immanquablement penser au Blondin de Sergio Leone. Le monde du Pistolero est à l’agonie, et seul l’accès à la mystérieuse Tour Sombre, lieu de confluence de tous les mondes possibles, permettrait de rebattre les cartes du destin. Afin de mener à bien cette longue quête initiatique, Roland va s’entourer d’étranges compagnons rencontrés au cours des différents mondes traversés. Fascinante quête qui mêle habilement magie, fantastique et western. Inclassable mais ô combien incontournable ! Fort de ses 30 millions d’exemplaires vendus, l’œuvre romanesque s’est vue déclinée en bande dessinée et au cinéma. Si le long métrage éponyme s’est montré bien décevant, les douze tomes du comics publiés aux éditions Panini/Soleil s’avèrent en revanche une franche réussite.

Infos pratiques

Tome 1 : Le Pistolero,
Tome 2 : Les Trois Cartes,
Tome 3 : Terres perdues,
Tome 4 : Magie et Cristal,
Tome 5 : Les Loups de La Calla,
Tome 6 : Le Chant de Susannah,
Tome 7 : La Tour Sombre,
Tome 8 : La Clé des vents

Tome 1 : The Gunslinger, 1982,
Tome 2 : The Drawing of the Three, 1987,
Tome 3 : The Waste Lands, 1991,
Tome 4 : Wizard and Glass, 1997,
Tome 5 : Wolves of the Calla, 2003,
Tome 6 : Song of Susannah, 2004,
Tome 7 : The Dark Tower, 2004,
Tome 8 : The Wind Through the Keyhole, 2012

Stephen King

États-Unis

Marie de Prémonville (T1/T5/T6/T7)
Gérard Lebec (T2)
Jean-Daniel Brèque & Christiane Poulain (T3)
Yves Sarda (T4)
Jean-Daniel Brèque (T8)

Marie de Prémonville

Grégoire Hénon

Michael Whelan (T1/T7)
Phil Hale (T2)
Ned Dameron (T3)
Dave McKean (T4)
Bernie Wrightson (T5)
Darrel Anderson (T6)
Jae Lee (T8)

 J’ai lu

8 Tomes, 4496 pages

Tome 1 : 2004,
Tome 2 : 2004,
Tome 3 : 2004,
Tome 4 : 2004,
Tome 5 : 2004,
Tome 6 : 2005,
Tome 7 : 2005,
Tome 8 : 2012

Inédit – Disponible en omnibus et en poche

Tome 1 : 256 pages,
Tome 2 : 400 pages,
Tome 3 : 528 pages,
Tome 4 : 864 pages,
Tome 5 : 672 pages,
Tome 6 : 528 pages,
Tome 7 : 960 pages,
Tome 8 : 288 pages

Grand Format

Tome 1 : 2-290-34317-X,
Tome 2 : 2-290-34318-8,
Tome 3 : 2-290-34319-6,
Tome 4 : 2-290-34316-1,
Tome 5 : 2-290-33248-8,
Tome 6 : 2-290-33249-6,
Tome 7 : 2-290-33251-8,
Tome 8 : 978-2-290-04062-1

Tome 1 : 15,00 euros,
Tome 2 : 19,00 euros,
Tome 3 : 21,00 euros,
Tome 4 : 24,00 euros,
Tome 5 : 23,00 euros,
Tome 6 : 21,00 euros,
Tome 7 : 29,50 euros,
Tome 8 : 20,00 euros

© Éditions J’ai lu, 2004, 2005, 2012 – © Stephen King – © Illustrations de couverture Grégoire Hénon

La Tour Sombre

Stephen King

Éditions J’ai lu

Chronique réalisée par Frank Brénugat

Quête héroïque

Terres multiples / Passé, Présent et Futur

Fin des Mondes

NOTRE ÉVALUATION

Histoire
Écriture
Personnages
Vidéos
liens Internet

HISTOIRE

C’est à une chasse à l’homme sans merci à laquelle se livre Roland de Gilead. Dernier pistolero d’une longue lignée, il traque l’homme en noir, un sorcier aux pouvoirs étonnants. Mais ce dernier, loin de constituer l’objectif ultime d’une quête sans fin, est en réalité la première étape permettant au pistolero d’accéder au mystère des mystères que représente la Tour Sombre. Cette mystérieuse tour permettrait de résoudre les nombreuses interrogations auquel est confronté le Nouveau Monde. Car le monde a changé. Il n’offre pour tout spectacle que désolation et déserts sans fin. Les hommes semblent l’avoir abandonné et les quelques rares survivants d’une humanité disparue se voient confrontés aux nouveaux impératifs d’une vie devenue hostile. Les rapports sociétaux sont réduits à leur plus simple expression, et l’instinct de conservation le plus élémentaire semble s’être substitué à la complexité passée de nos rapports humains. Cette nouvelle humanité est dépossédée de toute connaissance qui aurait pu la rattacher à son histoire, laquelle n’a su conserver que quelques rares bribes permettant à certains esprits téméraires de spéculer sur les temps d’autrefois. Et Roland fait partie de ceux-là, convaincu que le passé peut être réactualisé. Obsédé par cette quête des temps anciens, il entreprend ce long et périlleux voyage qui l’amène sur les traces de l’homme en noir, lequel lui révèle certains indices le rapprochant de la Tour Sombre. Roland s’interroge sur ce que pouvait bien être son monde avant le « changement ». Dernier pistolero d’une lignée disparue, le Chevalier des temps nouveaux est chargé d’assurer la pérennité de ce monde « d’amour et de lumière » dont il se souvient. Car ce monde se désagrège et semble inéluctablement se diriger vers sa fin, se consumant chaque jour davantage. D’où l’urgence. Mais notre preux chevalier ne sera nullement seul pour relever un tel défi. Il devra faire la connaissance de trois personnages clés qu’il arrachera à leur époque et qu’il formera afin d’en faire de véritables pistoleros. C’est ainsi que Roland visite New York à deux époques différentes de notre continuum temporel. Sa première rencontre l’amène dans le New York des années 80 pour y faire la connaissance d’Eddie Dean – le Prisonnier – héroïnomane et malfrat occasionnel. Sa deuxième rencontre le plonge cette fois-ci dans les sixties pour y ramener Odetta Holmes – la Dame d’Ombres – jeune activiste noire paraplégique, atteinte par ailleurs de dédoublement de la personnalité. Le troisième et dernier personnage, Jack Mort est ce jeune garçon que Roland rencontra auparavant dans son propre univers lors de sa poursuite avec l’homme en noir. Une telle brochette de personnages, plus proches de l’antihéros que de la figure héroïque traditionnelle, ne saurait être pour autant aux yeux de Roland une malheureuse contingence. Ils sont la clé lui permettant d’atteindre la Tour Sombre. Seulement, indépendamment des « petits tracas » habituels de toute quête digne de ce nom, il faudra à notre héros toute l’intelligence et la motivation nécessaires pour parvenir à faire cohabiter ces trois personnages que tout semble opposer. Cependant, pour la première fois, le Pistolero n’est plus seul face à son destin. Bien entendu, au cours de ce long et périlleux cheminement tant spirituel que physique, notre communauté croisera moult adversaires tout droit sortis de la psychè d’un Stephen King visiblement très inspiré sur la question. Afin de satisfaire aux canons de la réussite, il s’agira pour nos héros de préserver intact le ka-tet, cette communauté où les destinées individuelles sont réunies par le Destin. De nombreuses contrées se verront foulées par les chausses de ces derniers… en attendant de voir se dessiner à l’horizon la Tour Sombre et le Destin des univers qui s’y rattache…

• La Tour Sombre, La Clé des vents – J’ai voulu m’enfuir… la chose m’a rattrapée – © Stephen King – © Éditions J’ai lu, 2012 – Illustration © Jae Lee, 2012
•  La Tour Sombre, La Clé des vents – D’une pression du genou, il fit voler sa monture – © Stephen King – © Éditions J’ai lu, 2012 – Illustration © Jae Lee, 2012
• La Tour Sombre, La Clé des vents – On entendit un bruit sourd lorsque pivotèrent les antiques goupilles – © Stephen King – © Éditions J’ai lu, 2012 – Illustration © Jae Lee, 2012
• La Tour Sombre, La Clé des vents – La Tête fondit sur moi, ses crocs étincelèrent – © Stephen King – © Éditions J’ai lu, 2012 – Illustration © Jae Lee, 2012
La Tour Sombre, Les Trois Cartes, T2 – Roland – © Stephen King – © Éditions J’ai lu, 2004 – Illustration © Phil Hale, 1998
• La Tour Sombre, Les Trois Cartes, T2 – Souvenir – © Stephen King – © Éditions J’ai lu, 2004 – Illustration © Phil Hale, 1998
• La Tour Sombre, Les Trois Cartes, T2 – Coup de crosse – © Stephen King – © Éditions J’ai lu, 2004 – Illustration © Phil Hale, 1998
• La Tour Sombre, Les Trois Cartes, T2 – Le Pistolero – © Stephen King – © Éditions J’ai lu, 2004 – Illustration © Phil Hale, 1998

THÉMATIQUE

Sujet de prédilection pour maints auteurs (Philip K. Dick, Michael Moorcock, Philip José Farmer, Roger Zelazny), le thème des univers parallèles ne cesse d’envahir les pages de nos fictions. Il est vrai que la thématique est d’une richesse inépuisable. Et le traitement qu’en fait Stephen King est d’une inventivité peu commune. Comme à son habitude, le maître nous dresse avec force patience une galerie de personnages dont la dimension psychologique prend peu à peu une épaisseur certaine. Nous les voyons évoluer dans leur quotidien, avec leurs faiblesses, leurs questionnements, leurs incertitudes, dans le plus simple appareil de leur humanité en somme. Et c’est au nom de cette simple humanité que nous les voyons subrepticement se confronter à une réalité parallèle dont la finalité leur échappe. Habités par un être parasitaire répondant au nom de Roland le Pistolero, puis arrachés de leur monde par ce dernier, nos principaux protagonistes basculent de leur propre univers (le New York de telle époque) dans celui du Pistolero, futur post-apocalyptique indéterminé. C’est un univers fait de désolations, où les paysages enchanteurs de notre XXe siècle semblent s’être esquivés au profit de déserts sans fin, de rocailles et de cours d’eau asséchés. Ce Nouveau Monde, dans lequel évolue une humanité dépossédée de ses enfants et qui semble vivre ces derniers instants, abandonnée à elle-même, offre un spectacle d’un rare désenchantement. Les quelques rares survivants rencontrés au cours d’un chemin nous content bien l’existence d’Anciens dont les connaissances étaient prodigieuses, mais leur existence passée n’est nullement avérée. La société historique du XXe siècle s’est effacée au profit d’une civilisation anhistorique privilégiant, comme aux premiers temps de l’humanité, les codes de l’oralité. Cependant, nos aventuriers ne manquent pas de recueillir au cours de leur épopée quelques témoignages et autres vestiges de ces étranges inventions passées, preuve irréfutable de leur existence. En témoigne cet ours mécanique gigantesque, véritable sentinelle bardée d’électronique, appelé à défendre un territoire dont les propriétaires ont depuis fort longtemps abandonné les lieux. Mais le voyage spatio-temporel auquel nous convie King ne se limite nullement à ces deux dimensions. Il nous transporte également dans certains de ses romans – notamment celui de Salem – et dans l’univers de l’écrivain, en un lieu et un temps clés de la vie de King. La thématique des univers parallèles se construit donc sur une distorsion sans cesse renouvelée du continuum espace-temps. En dehors de ces quelques dimensions dans lesquelles nous plonge l’œuvre kingienne, il nous semble percevoir l’existence d’une infinité de dimensions, toutes ces dimensions ne devant leur maintien qu’à cet axe de l’univers que représente physiquement et symboliquement la Tour. La Terre sur laquelle évoluent nos protagonistes est bien celle que nous connaissons. Son histoire la situe dans un futur indéterminé et peu d’éléments viennent nous renseigner sur les raisons de cette nouvelle donne apocalyptique. King se montre comme à son habitude suffisamment habile pour inviter le lecteur à construire quelques hypothèses susceptibles de rendre plus lisible – ou non – cette quête initiatique. Il conviendra de patienter jusqu’aux toutes dernières pages afin d’apprécier toute la cohérence attendue pour une telle saga, aux ramifications des plus complexes faut-il encore le souligner.

NARRATION

Pas moins d’une centaine de personnages viennent hanter l’univers de La Tour Sombre, au point qu’une encyclopédie s’est avérée indispensable pour la poursuite d’une saga dont l’écriture s’étend sur une vingtaine d’années. Cependant, seuls quatre personnages principaux bénéficient de toute l’attention de l’écrivain, avec le pistolero pour principal protagoniste. Ce dernier, secret, distant, hermétique, jouit de tous les attributs propres au héros solitaire des productions italiennes du western spaghetti. Incarnation parfaite d’un Charles Bronson dans Il était une fois dans l’Ouest du talentueux Sergio Leone, Roland s’empare de la dextérité, de la détermination, du détachement d’une telle figure. Même les silences remarqués sont lourds de confusion avec ceux des héros léoniens. De longs silences pour un personnage à l’épaisseur incontestable. Car si les héros sont peu bavards, c’est qu’ils ont bien des secrets à préserver des oreilles indiscrètes. Et Roland ne saurait faire défaut à cette loi du genre. Son passé demeure des plus obscurs, quand bien même celui-ci se laisserait dévoiler tacitement au fil des épisodes. Ces silences embarrassent tout naturellement et très légitimement la communauté, en ce qu’ils ne garantissent nullement la sauvegarde finale de cette dernière. Si l’objectif avoué est bien d’accéder à la Tour Sombre afin d’en percer les mystères, objectif pleinement et librement partagé par les trois autres membres, la confiance accordée au guide est parfois entachée d’une inquiétude tout aussi légitime. Roland ne semblerait pas seulement courir après des réponses convoitées par tous, en ce que l’obsession de sa quête trahirait manifestement l’existence de vieux démons que notre héros entendrait bien combattre. Et ce dernier ne semble nullement écarter l’idée de sacrifier ses acolytes au bénéfice de sa quête. Pourtant, au fil des pages, l’amitié qui les relie tous prend une ampleur telle que cette obsession de la Tour laisse une part plus importante à l’épaisseur des personnages secondaires. Ceux-ci ne semblent plus simplement incarner les instruments de Roland à la bonne réalisation de son dessein, ils en deviennent la finalité elle-même. Cependant, les lois du genre sont respectées, puisque le Pistolero de King n’est que la figure littéraire et fantastique des héros de Sergio Leone : ambigus, amoraux et solitaires. Et l’auteur de nous gratifier de cette révélation, à savoir que de tous ces personnages issus de ce récit en particulier et de ses romans en général, Roland est celui qui le hante plus que tout autre. On ne saurait affirmer pour autant que King chercher à satisfaire une quelconque identification à Roland, dans la mesure où le King-écrivain se voit affubler de son double dans le King-de-la-Tour. Certains ne manqueront pas d’y voir un rituel propre à l’auteur. À sa décharge, citons le “coupable” lui-même : « Je ne suis présent dans ces histoires que parce que je sais depuis un certain temps maintenant (de manière consciente depuis l’écriture d’Insomnie en 1995, et plus consciente depuis que j’ai perdu la trace du Père Callahan vers la fin de Salem) que bon nombre de mes récits de fiction se réfèrent au monde de Roland, à l’histoire de Roland. Puisque j’en étais l’auteur, il m’a paru logique d’en déduire que je faisais partie du ka du Pistolero. Mon idée maîtresse était de faire des romans de La Tour Sombre une sorte de récapitulation, un moyen d’unifier autant de mes récits passés que possible, sous l’égide de quelque über-récit. Je ne l’ai jamais envisagé comme un acte d’orgueil (et j’espère que ça ne l’est pas), mais seulement comme une manière de montrer comment la vie influence l’art (et inversement). » (La Tour Sombre, p. 952). Dont acte.

Lecture

Au cours de ses nombreuses préfaces et postfaces, lesquelles ne totalisent pas moins de 44 pages à elles seules, Stephen King renseigne le lecteur sur les multiples péripéties d’écriture qu’exigea cette longue saga. Si le premier récit peut se lire indépendamment des autres, il constitue néanmoins la première époque d’un cycle plus long. Au terme de l’écriture du premier tome Le Pistolero, l’auteur indique dans la postface que son synopsis « suggère un pavé final de trois mille pages, peut-être plus ». (La Tour Sombre, tome I, Le Pistolero, p. 233, Éditions 84, Paris, 1998). L’écriture du premier tome aura nécessité une période de douze années. Et King de nous angoisser à l’idée d’une œuvre inachevée, doutant qu’un tel roman puisse arriver à son terme. « Hélas, j’en suis incapable », concède-t-il. Si l’auteur ignore pour alors quelle direction doit prendre le récit, il souligne avec honnêteté que l’idée directrice n’est pas sans rappeler celle de Chaîne autour du soleil, de Clifford Simak. Une précision se fait jour à la lecture de la postface du deuxième tome Les Trois cartes, nous renseignant que ce long récit devrait se constituer en sept volumes. Affirmer que Stephen King est un grand romancier relève d’une vérité d’évidence. Le découvrir romantique nous surprend davantage. La Tour Sombre est en ce sens une épopée qui se prétend empreinte de romantisme et de poésie. Il faut chercher l’inspiration du côté de Childe Roland (Le Chevalier Roland s’en vint à la Tour Noire) de Robert Browing, – lui-même inspiré du Roi Lear – étudié dans le cadre d’un cours de deuxième année d’université. Le projet initial d’une longue nouvelle romantique « incarnant le sentiment » (La Tour Sombre, tome I, Le Pistolero, p. 233, Éditions 84, Paris, 1998) s’est vu abandonné au profit d’une saga de x pages. Mais qu’en est-il véritablement de ce « sentiment romantique » au terme de cette lecture ? Force est de constater que nous l’avons cherché dans les entrailles et ramifications complexes d’un récit qui peu à peu s’abandonne à une épopée initiatique dont la dimension poétique s’est quelque peu évaporée au final. L’univers ressemble à s’y méprendre au roman post apocalyptique du Fléau et l’écriture, toujours aussi efficace il est vrai, ne permet pas pour autant de saisir la dimension poétique de l’œuvre. Cependant, si l’intrigue ne manque jamais de nous interroger et de susciter le désir d’accompagner les protagonistes dans leur épopée, le sens épique qui se dégageait dans le premier tome ne cesse point d’opérer pour autant dans les suivants, de façon inégale toutefois. Les profils psychologiques des personnages prennent le pas sur une dimension narrative qui manque parfois d’être exaltante. En ce sens, La Tour Sombre n’est pas sans rappeler non plus Le Monde du fleuve de Philip José Farmer, chef d’œuvre d’inventivité, à ceci près malheureusement que le premier semble faire l’économie de la dimension existentielle propre au second. Nous sommes avec cette unique saga de King dans un habitat qui nous est familier sur le plan narratif. La dimension fantastique des protagonistes, caractéristique de l’œuvre du maître, combinée à la thématique science-fictionnelle des univers parallèles, apporte au lecteur une contribution inédite et d’une inventivité remarquable. Habituellement, King séduit davantage quand il s’attarde sur les rivages obscurs du fantastique que lorsqu’il s’échoue sur les rivages plus rationnels d’une science-fiction dont les enjeux ne ressortent pas toujours avec l’acuité espérée. En témoigne son œuvre romanesque. Cependant, rien de tel ici. Les huit tomes offrent un univers étonnant, labyrinthique à souhait, foisonnant d’idées et passablement terrifiant, où fantastique et science-fiction flirtent l’un avec l’autre avec une rare intelligence. La Tour Sombre est assurément cette merveilleuse invitation à une herméneutique en règle, pour le plaisir d’une psychanalyse sur divan. Prévoir de nombreuses séances afin de digérer les quelque 4200 pages de l’ensemble et les éventuelles mille pages supplémentaires du diptyque consacré au guide officiel de l’univers de la Tour signé Robin Furth…

Vidéos

La chronique du lecteur 17# : La Tour Sombre de Stephen King. Le Lecteur Chroniqueur.

Stephen King : sa vie, son œuvre… et la traductrice de La Tour Sombre. Peavette.

Sites internet