

À la simple évocation de 2001, L’Odyssée de l’espace, nombreux sont ceux qui gardent en mémoire l’ovni filmique du long métrage de Stanley Kubrick, au point d’oblitérer parfois son alter ego romanesque. Fait d’autant plus regrettable que ce dernier est signé par l’un des plus prestigieux noms de la littérature de l’âge d’or de la science-fiction, Arthur C. Clarke. Celui-ci, aux côtés de Robert Heinlein et d’Issac Asimov notamment se donne pour mission d’imprimer dans l’esprit du public étatsunien le goût de l’aventure spatiale, soucieux d’offrir aux lecteurs un récit doté d’une solide assise scientifique. La sortie conjointe en 1968 du film et du roman répond en cela parfaitement aux attentes d’une population avide de conquêtes spatiales… un an avant le premier pas sur la Lune. Trois autres romans poursuivront l’épopée, auxquels il conviendra d’ajouter deux nouvelles et un singulier essai. Cet ensemble figure au sein d’un beau pavé de 1056 pages publié en 2001 chez Omnibus sous le titre 2001-3001 : Les Odyssées de l’espace. Sept récits en fin de compte pour cette somme, laquelle se voit augmentée d’une très précieuse et très généreuse préface signée Jacques Goimard, sous le titre « Une odyssée formelle ».
Infos pratiques
2001-3001 –
Les Odyssées de l’espace
Les Odyssées de l’espace
Arthur C. Clarke
Éditions Omnibus
Reprise de l’article, revu et augmenté,
paru dans la revue « Bifrost »,
numéro 102, pp. 134-137.
Chronique réalisée par Franck Brénugat
paru dans la revue « Bifrost »,
numéro 102, pp. 134-137.
Chronique réalisée par Franck Brénugat
Conquête spatiale
Terre et Système solaire / 2001 à 3001
Anticipation et Space Opera
HISTOIRE
2001 : L’Odyssée de l’espace voit l’émergence d’une tribu d’hommes-singes menée par Guetteur de Lune, quelque part sur le continent africain. Ces derniers font des lois darwiniennes la terrible expérience de leur quotidien, en conflit avec la tribu adverse conduite par Une Oreille. Vient un matin où la tribu du premier voit dressé sous ses yeux un monolithe transparent d’une figure parallélépipédique d’une parfaite planéité. Cette singulière présence aura une incidence lourde de conséquences sur Guetteur de Lune, sa tribu et celle de l’humanité tout entière. Cette première anomalie aura favorisé l’émergence de l’intelligence et de l’imagination sur la planète bleue. Quelques millénaires plus tard, en cette année 1999, l’astronaute Bowman est dépêché sur le satellite terrien afin d’enquêter à propos d’une « anomalie magnétique de Tycho numéro 1 » repérée à dix mètres de profondeur au centre du cratère de Tycho. Elle donne à voir un monolithe aux parfaites proportions correspondant au carré des trois premiers nombres premiers, correspondance dont l’analyse ne peut qu’affirmer la nature extraterrestre de cette anomalie. Alors que le jour se lève et que le Soleil vient darder de ses rayons le sommet du monolithe, un puissant sifflement se fait entendre dans les casques des astronautes. À ce moment précis, plusieurs sondes spatiales relèvent l’émission de radiations partant de la Lune pour se diriger vers les lunes de Saturne. À charge pour l’astronef Explorateur 1 de s’orienter vers ce signal… / Neuf ans après les événements de 2001, 2010 : Odyssée deux met en scène une entente russo-étatsunienne visant à monter une expédition consistant à étudier un étrange objet satellisé à l’un des points de Lagrange entre le satellite Io et Jupiter. Cet équipage prend place à bord du Leonov affrété par l’URSS, alors que l’astronef Explorateur 1 menace de s’écraser sur Io. Bowman, devenu pur esprit fait la découverte d’une autre vie sur Europe, deuxième des quatre lunes galiléennes de Jupiter présentant un potentiel de développement intelligent certain. Toutefois, les extraterrestres souhaiteraient ne pas compromettre la mutation des Europiens, et par l’entremise de Bowman mettent en garde les Terriens de se tenir à l’écart d’Europe. Bowman en informe le Dr Heywood Floyd à bord du Leonov, lequel quitte Jupiter pour rejoindre la Terre. / 2061 : Odyssée trois voit le retour du Dr Heywood Floyd, miraculeusement protégé du vieillissement par une technique de réjuvénation. Nous sommes en 2061, cinquante ans après la transformation de Jupiter en étoile. Ses quatre anciennes lunes sont devenues des planètes. Interdiction a été donnée aux Humains par les Grands Galactiques de s’approcher d’Europe afin de ne pas perturber la genèse en cours des Europiens. Or, une gigantesque montagne, le mont Zeus fait son apparition et ne manque pas de susciter l’intérêt de l’équipage du Galaxy, nouvellement mis en service. Ce dernier se voit contraint de se poser sur Europe, devenue une planète océan, bravant ainsi le tabou décrété par les Grands Galactiques / Nous retrouvons dans cet ultime opus 3001 : L’Odyssée finale Frank Poole et Dave Bowman. Le premier, ressuscité par les progrès de la médecine après 1000 années de dérive dans l’espace se décide à rejoindre Dave Bowman, lequel serait sur Europe. Mais il doit une nouvelle fois transgresser l’interdit de se rendre sur le satellite métamorphosé en planète. De son côté, Bowman vient de plonger dans la Tache rouge de Jupiter pour y faire l’amer constat que la sélection naturelle ne paraît guère profiter aux Europiens, lesquels marquent le pas et semblent s’orienter vers une voie sans issue. Au regard de cet échec patent, les Grands Galactiques leur envoient la Grande Barrière, gigantesque monolithe, afin de précipiter le processus évolutif. À la vue d’une telle concurrence jugée mortifère, les Terriens décident d’organiser une riposte, épaulés par Dave et l’Intelligence Artificielle HAL…
THÉMATIQUE
Ardent défenseur de la conquête spatiale — ou plus conformément à l’esprit clarkien de l’exploration spatiale —, l’auteur fait le pari que pour la fin du XXe siècle, il nous faudra changer à nouveau d’échelle, en ce qu’alors « le système solaire entier composera la toile de fond de notre vie », toile de fond au sein de laquelle l’espèce humaine pourrait bien se voir octroyer par les progrès de la science un rôle démiurgique. Prédiction corroborée par son confrère et compatriote Brian Aldiss, selon qui « plus qu’aucun autre auteur de science-fiction, Clarke est resté fidèle au rêve de l’enfant qui voit dans la science le salut de l’humanité et dans l’humanité une race de dieux potentiels voués aux étoiles. » Même si le film a su s’approprier la problématique de l’intelligence artificielle avec la maestria propre à Kubrick au travers du saisissant et touchant HAL — HAL 9000 pour la version originale, acronyme de Heuristicaly programmed ALgorithmic computer, transposé pour le long métrage en CARL 500 pour la mouture française, acronyme de Cerveau Analytique de Recherche et de Liaison —, il convient de garder à l’esprit que le premier rôle revient indubitablement aux Grands Galactiques. Toutefois, la (pré)vision de l’auteur pose déjà les jalons d’un questionnement foisonnant quant aux enjeux pour le moins existentiels des IA à venir, dont la mention faite par Clarke concernant HAL n’est pas sans rappeler les interrogations futures liées au dataisme. Compte tenu de l’extraordinaire ribambelle de planètes peuplant la Galaxie, les probabilités ne peuvent qu’être favorables à l’émergence incontournable d’une multitude d’intelligences habitant cette Galaxie, pointant ainsi le paradoxe de Fermi. Compte tenu également des ressources matérielles et humaines pharaoniques à mettre en œuvre pour créer les conditions de l’exploration spatiale, les Grands Galactiques, toutes espèces confondues ne peuvent qu’être dotés d’intentions bienveillantes, la coordination nécessaire entre ethnies d’une même espèce ne pouvant que conduire à l’harmonie de ses différents membres. Opposée en cela à un certain Robert A. Heinlein, l’approche clarkienne se montre résolument humaniste sur ces interrogations, toute intelligence extraterrestre étant plus soucieuse de faire profiter de ses largesses les peuples contactés que de s’évertuer à vouloir piller leurs ressources potentielles. Au terme de ce premier opus, doit se poser la question légitime pour les Grands Galactiques de savoir si Bowman se révèle digne de recevoir au terme de son odyssée cette offrande tant cosmique que spirituelle. Il leur revient cette lourde responsabilité d’évaluer le succès de leur « enfantement » dont l’ensemencement prit forme en des temps préhistoriques. La Terre ne semble être que le berceau de l’humanité, ainsi qu’en témoigne le premier mégalithe. Le deuxième est une invitation à parcourir les étoiles, ou plus précisément le système solaire tandis que le dernier s’offre comme un appel aux immensités de l’espace. Il nous est également possible d’attribuer quatre fonctions bien distinctes aux quatre monolithes rencontrés dans la tétralogie : fonction pédagogique pour le premier, signalétique pour le deuxième, locomotrice pour le troisième et fécondatrice pour l’ultime artefact. Toutefois, celui-ci, nommé « big brother » n’est pas sans évoquer le 1984 de George Orwell. En effet, sa nature tutélaire et omnisciente peut facilement s’avérer menaçante, voire totalitaire. Comment réagiraient par ailleurs nos Grands Galactiques confrontés à un échec lors d’une phase d’ensemencement ? Laisseraient-ils Mère Nature mener seule la danse, ou au contraire forceraient-ils cette dernière au risque de saper une autre naissance moins avantagée ? Et selon quels critères ? Purement performatifs ? Et quand bien même un tel schéma s’inscrirait au bénéfice d’une approche bienveillante, quelle définition donner à ce dernier vocable, de facto débarrassé de tout anthropomorphisme ?
NARRATION
Fin des années soixante. Stanley Kubrick rêve de nouveaux horizons filmiques et se verrait bien flirter avec les grands espaces, de préférence sidéraux. Désireux de s’offrir les services d’un écrivain digne de satisfaire son exigence de réalisme scientifique, le réalisateur contacte notre auteur par l’entremise de Roger Caras, publicitaire à la Columbia. Le projet comprend la rédaction de six nouvelles dont seule « La Sentinelle », écrite en 1948 pour un concours de la BBC et publiée en 1951 dans le magazine Story Fantasy sera retenue. Mais peut-être faut-il davantage voir dans la première partie du récit Les Enfants d’Icare, construit sur la nouvelle « L’Ange gardien » l’inspiration principale du premier opus des Odyssées. Celui-ci est publié aux États-Unis en juillet 1968 et en septembre de cette même année pour la scène française à la même date que la sortie en salles du film. Si le long métrage laisse ses spectateurs dans une certaine sidération, le lecteur pourrait en revanche entrevoir dans le roman un guide des plus salvateurs pour le voyageur égaré. Treize années plus tard, l’agent littéraire de Clarke, Scott Meredith, appelle de ses vœux une suite explicative aux nombreuses questions laissées en suspens : « Vous savez, Arthur, aucun de nous ne comprend ce que diable la fin de2001 peut bien vouloir dire. Nous ne maîtrisons pas, nous ne sommes pas sûrs de ce que ça signifiait : vous la devez à votre public, et par-dessus tout, Arthur, vous me la devez à moi. » L’intéressé se laisse séduire, d’autant plus qu’il voit là l’occasion grisante de prendre sa revanche sur un Kubrick parfois tenté de minimiser la collaboration de son partenaire à son œuvre fétiche. 2010 : Odyssée deux est publié le 15 novembre 1982 pour une parution l’année suivante sur l’hexagone. Deux années après la publication du deuxième opus des Odyssées, Clarke signe durant l’été 1984 avec sa maison d’édition Ballantine un contrat pour deux romans : Les Chants de la terre lointaine et 20001, lequel deviendra 2061 : Odyssée trois. La date n’est pas fortuite puisqu’elle marque le prochain passage de la comète de Halley. Achevé au cours de l’été 1987, il est publié en décembre de cette même année pour le 70e anniversaire de l’auteur. Celui-ci abandonne la dimension métaphysique de son odyssée pour lui préférer la rocambole plus convenue des récits d’aventures spatiales, au point de se confondre parfois avec les mèmes du récit vernien. Et cela s’en ressent. Nous quittons les grands espaces de la spiritualité pour retomber sur des considérations bien prosaïques. « Tout le roman est caractérisé par une fantaisie débridée, un tour pétulant, une construction extravagante. De toutes les aventures du cycle, c’est de loin la plus feuilletonnesque » semble regretter Jacques Goimard dans son très bel essai « Une odyssée formelle ». Le déroulé scientifique clarkien se montre à quarante ans d’écart pour le lecteur moderne quelque peu suranné, sans trop perdre pour autant de sa force d’évocation toute emprunte de subtilité. L’épilogue de 2061 nous transporte en 3001 et tout porte à croire que la genèse de celui-ci était en germe dès l’écriture du dernier opus en 1987. Il faudra toutefois attendre 1997 pour une publication, date fixant cette fois-ci le 80e anniversaire de l’auteur. La structure du livre se montre tout aussi complexe que celle des précédents, mais la verve de Clarke semble parfois se tarir. Une quête stellaire qui débouche sur une quête spirituelle infinie : tel est le sens ultime de la geste et de sa conclusion 3001. La tétralogie clarkienne témoigne d’une grande clarté dans l’exposition et d’une remarquable sobriété de ton, lesquelles rendent ce futur prodigieusement vivant et vraisemblable. Dans ce registre, Clarke touche à la perfection. Au détriment toutefois de personnages tout juste esquissés et d’une intrigue parfois relâchée où le didactisme l’emporte sur la progression dramatique, quand bien même le dessein clarkien tendrait vers le seul désir d’édifier une œuvre spéculative sur le devenir de l’humanité et non vers une dramaturgie aux accents shakespeariens.
Lecture
Les Odyssées de l’espace relèvent assurément d’une magistrale épopée, quand bien même les derniers opus semblent accuser quelque faiblesse scénaristique. Chaque épisode cherche à nous faire voyager par-delà les étoiles, mais chaque distance parcourue nous en éloigne un peu plus. Curieux paradoxe. Toutefois, la puissance d’évocation toute clarkienne n’est jamais prise en défaut, parfaitement épaulée par un souci de réalisme savamment orchestré, nous faisant grâce d’exposés par trop pontifiants. Une approche au pire quelque peu surannée pour le lecteur contemporain, mais qui n’entache en rien la beauté de cet opéra en quatre actes. À cette tétralogie, il convient de mentionner la présence des nouvelles « La Sentinelle » écrite en 1948 et publiée en 1951 dans le magazine Story Fantasy sous le titre « Sentinel of Eternity » et « Rencontre à l’aube » écrite en 1950 et publiée dans le numéro d’Amazing Stories de juillet 1953. L’une comme l’autre joueront un rôle prépondérant dans les premières étapes de l’établissement du cycle. Un septième texte vient compléter cette somme, le singulier essai romancé Le 20 juillet 2019 – Une journée dans la vie de la planète Terre, publié en 1986, dans lequel Clarke, épaulé par une vaste communauté hétéroclite s’essaye au prospectivisme avec un bonheur inégal, mais un enthousiasme certain. Nous y retrouvons cette magnifique plume à même de nous faire voyager dans les espaces les plus grisants de notre Galaxie, avec toute la rigueur scientifique que les découvertes de son temps autorisent. Clarke fait merveille dans les pages d’extrapolation technologique, témoignage de la passion de cet auteur pour les sciences et techniques, particulièrement l’astronomie et l’astronautique. Ses premiers récits lui valent d’ailleurs quelques fulgurances, comme l’invention de la tablette électronique ou encore l’importance naissante de la Chine à la course à l’espace. Au terme de ce voyage s’étalant sur un millénaire, il ressort quelques fondamentaux. À commencer par les nombreux thèmes familiers à Clarke : l’interrogation cosmique assujettie au progrès de l’esprit, tout comme les naïfs et joyeux enfantillages de l’actuelle espèce humaine. Il nous montre une humanité guidée par cette même intelligence et imagination dont les Terriens sont capables afin de tracer au mieux leur sillon dans cette jungle de l’évolution. Laquelle passe toutefois par une nécessaire transgression. Transgresser l’interdit pour devenir homme, voilà un pari christique des plus prometteurs en définitive. Cette faute permettra peut-être à cette même humanité d’affronter ses créateurs dans l’intention de jouer à son tour les nouveaux démiurges, une fois achevé le meurtre du père. Un cinquième opus aurait été le bienvenu afin de permettre justement cette rencontre tant espérée, mais jamais manifestée. L’humanité du cycle clarkien n’est pas sans rappeler les trois métamorphoses nietzschéennes : de chameau guidé par l’obéissance aveugle au lion désireux de s’émanciper du poids du premier par la révolte, le héros clarkien devient au terme de cette transfiguration cet enfant libre de corps, de cœur et d’esprit. Une quête spirituelle condamnée à une itération perpétuelle, manifestation vitaliste propre à tout organisme : l’éternel retour de la vie, de l’apprentissage et de la mort, comme nous l’enseignent également Les Enfants d’Icare et La Cité et les Astres. Ainsi en irait-il des galaxies comme il en va des organismes. Le dernier opus marque pourtant une confrontation pascalienne de l’espèce humaine avec sa relative insignifiance dont le dénouement semble paradoxalement afficher un athéisme dont se réclame l’écrivain. Un matérialisme en opposition aux supputations que laissaient entrevoir les premiers récits, emprunts de transcendance, voire de mysticisme. Quelle que soit l’hypothèse, gardons impérieusement en mémoire l’avant-propos de 2001 de Clarke : « Mais rappelez-vous bien qu’il ne s’agit que d’une œuvre de fiction. La vérité, comme d’habitude, sera encore bien plus étrange. » Rendez-vous est donc pris.
Extrait
« La longue attente prenait fin. Sur un monde nouveau, l’intelligence était née et allait abandonner son berceau planétaire. Une expérience, entreprise une éternité plus tôt, serait bientôt couronnée de succès.
Ceux qui avaient conçu cette expérience, jadis, n’étaient pas des hommes, et même ils n’avaient rien d’humain. Mais ils étaient faits de chair et de sang, et quand ils avaient contemplé les profondeurs de l’espace, ils avaient connu eux aussi la crainte, l’émerveillement, la solitude. Dès qu’ils en avaient été capables, ils s’étaient élancés vers les étoiles. Ces explorations leur permirent de rencontrer de nombreuses formes de vie, d’observer le travail de l’évolution sur des milliers de mondes. De voir aussi que, le plus souvent, les premières étincelles de l’intelligence vacillaient et mouraient dans la nuit de l’espace.
Et, comme dans toute la galaxie, ils n’avaient rien trouvé de plus précieux que l’esprit, ils favorisèrent en tout lieu son apparition. Ils devinrent les fermiers des prairies étoilés. Ils semèrent, parfois ils récoltèrent.
Et de temps en temps, sans passion, ils devaient arracher les mauvaises herbes.[…]
Ils se transformèrent ainsi en créatures de pure énergie, et sur des milliers de mondes les coquilles vides qu’ils délaissèrent s’agitèrent quelque temps dans une danse macabre et insensée, avant d’être réduites en poussière.
Ils étaient les seigneurs de la galaxie, passée au-delà des atteintes du temps. Ils pouvaient naviguer à leur gré parmi les étoiles, glisser comme un brouillard subtil dans les failles de l’espace. Mais, malgré leurs pouvoirs quasi divins, ils n’oublièrent pas complètement leurs origines, leur naissance dans la vase tiède d’un océan disparu.
Et ils commencèrent à surveiller les expériences que leurs ancêtres avaient commencées, une éternité plus tôt. »
2010 : Odyssée deux, chapitre 51, « Le grand jeu », pp. 375-377.
Vidéos
2001, Odyssée de l’espace. ActuaLitté.