Jérôme Noirez
Poète et peintre d’une puissance inactuelle, immense voyant par le talent et l’énergie avec lesquels il a plongé dans les territoires les plus secrets de l’âme humaine, William Blake éveille et émerveille ceux qui s’aventurent avec persévérance dans son incomparable univers mythologique. Annonçant toutes les modernités les plus révolutionnaires – que ce soit en poésie, en philosophie, en psychanalyse, en peinture… – William Blake porte en lui et dans son œuvre ce que la poésie et l’art peuvent avoir de plus libérateur et de plus éblouissant. Jean-Yves Guigot, poète lui-même et grand admirateur de ce génie, donne à lire dans les lignes qui suivent le regard que lui-même et d’autres essayistes portent sur l’œuvre de ce phare qui n’a pas fini de nous éclairer.

William Blake

L’Énergie révolutionnaire
au service du génie

Chronique réalisée par Jean-Yves Guigot

Le face-à-face avec l’œuvre de William Blake force le lecteur à se pencher vers ce qui fonde son être : un abîme ! Il n’est rien qui suscite plus l’éveil que la confrontation avec le gouffre humain, celui des tréfonds de l’entendement et de l’abîme du Mal. Georges Bataille l’avait deviné, qui signalait que, chez lui, ce que l’on ressent comme « une excessive violence » est en réalité l’expression de « la pureté du Mal » [1]. Car Blake eut le rare courage de « réduire l’humain à la poésie et la poésie au Mal » [2]. Peu de peintres et de poètes se sont aventurés avec un tel talent — et une telle persévérance — aussi loin dans la mise en œuvre (au sens propre du terme) des visions infernales et divines issues des plus lointaines contrées de l’esprit humain.

Or, l’intemporel génie de ses tableaux et poèmes frappe entre autres par leur absence radicale de tous les codes qui pourraient nous servir de fil d’Ariane. William Blake ne perd ni son temps, ni son énergie à vouloir nous faciliter la tâche par quelque art poétique ou manuel artistique. Ce refus n’est nullement le choix de la facilité — comme peut l’être de nos jours la confusion entre l’ignorance paresseuse et la pleine liberté des grands créateurs. Il est la fidélité à ce qu’il nomme lui-même le « Génie poétique ». Ce travailleur acharné était l’exigence même — et il l’exigeait tout autant de ceux qui voulaient lire ou contempler ses œuvres.

Un poète et artiste par-delà bien et mal

L’exceptionnel foisonnement de William Blake ne doit pas nous égarer. Au cœur de son art réside une exigence artistique sur laquelle il n’accepta jamais le moindre compromis. L’une d’elles fut le bannissement de la fade « Autité » narcissique, objet de toutes ses haines. Ainsi voit-on le Satan traversant l’épopée Milton, coupable d’« autité belliqueuse » [3], cet enfermement sur l’ego qui, loin de permettre une plongée dans l’imagination créatrice, ouvre la voie à la rationalité qui divise et la morale qui punit. C’est donc tout naturellement qu’il ouvre à tous les hommes, dans un texte largement aphoristique, la capacité d’être à l’écoute du Génie poétique. Il y pose en effet péremptoirement que ce dernier : « est l’Homme véritable, et le corps, ou la forme extérieure de l’homme, dérive du Génie Poétique… De même que tous les hommes ont la même force extérieure, de même (et avec la même variété infinie) ils sont tous semblables par le Génie Poétique (…) De même que tous les hommes sont semblables (encore qu’infiniment variés), de même toutes les Religions ; et comme tout ce qui leur ressemble, elles n’ont qu’une source. L’homme véritable, à savoir le Génie Poétique, est la source. » [4] À l’encontre de cette riche universalité, nous trouvons Satan qui, dans Milton, est celui qui génère le ressentiment, la vengeance — en même temps que celui qui vainc grâce à la faiblesse et à l’amnésie de la société.

Or Satan, flamboyant de la fureur de Rintrah cachée sous sa propre douceur, 

Accusa Palamabron devant l’assemblée d’ingratitude et de malice.

Il créa Sept Péchés mortels, déployant son infernal rouleau.

De lois Morales et de cruels châtiments sur les nuées de Jéhovah, 

Pour pervertir la voix Divine à son entrée sur la terre 

Par le tonnerre de la guerre et le son de la trompette, par des armées de maladies, 

De punitions et de morts rassemblées et dénombrées, Disant : « Je suis le seul Dieu, 

Il n’en est point d’autre ! Que tous observent mes principes d’individualité morale. 

Je les ai tirés des replis les plus élevés et les plus profonds 

De mon Esprit Éternel : je retrancherai à jamais les transgresseurs 

Comme je retranche à présent cette maudite Famille de mon couvert protecteur. » 

Alors Satan fit rage au milieu de l’Assemblée et sa poitrine

Devint opaque à la vision Divine. [5]

Une remarque s’impose ici : le propre de l’Autité est la fermeture, l’opacité à tout ce qui s’ouvre à l’immensité, à savoir ce que Blake nomme la « vision Divine » [6]. L’artiste est l’être qui établit le lien indissociable entre l’âme individuelle et l’universel. Les mythes si personnels de ses grands récits prophétiques, si abscons à qui les découvrent pour la première fois, éveillent chez tout lecteur persévérant des échos étranges et familiers. C’est que, à l’image d’un Lautréamont ou d’un Artaud, Blake s’est aventuré si loin qu’il s’est mis à l’écoute de ce que, un siècle et demi plus tard, Jung nommera l’inconscient collectif.

Telle est le résultat admirable de la radicalité blakienne. Elle ne refuse l’enfermement de l’autité que pour entrer dans l’accueil inconditionnel d’autrui. Francis Léaud, dans son essai sur William Blake, rappelait d’ailleurs que, pour ce dernier, « l’amour de la poésie et la confiance dans les hommes » sont deux raisons qui « n’en font qu’une » [7]. De fait, le Dieu blakien n’est pas dans quelque transcendance inaccessible, mais pure immanence humaine. Ainsi déclare-t-il que « Toute chose brille dans l’Éternité de sa lumière Intérieure » [8], élevant par là l’accession au Génie poétique non à un hypothétique don extérieur, mais au mérite intérieur, à la dignité de l’effort.

De même retrouve-t-on dans les Proverbes de l’Enfer que « Celui dont le visage ne rayonne pas, ne deviendra jamais un astre. » [9] Jamais le lecteur ne trouvera chez Blake une trace de complaisance ou de victimisation. L’idée de faute originelle ou de punition divine relève pour lui d’un crime moral issu de la religion. Or, cette dernière, nous rappelle-t-il, est d’origine humaine — « trop humaine » rajoutera Nietzsche — car « les hommes oublièrent que Toutes les divinités résident dans le sein de l’homme. » [10] Contempteur jamais démenti des règles qui jugent les actes, la vie, la joie, la beauté, il entrera en guerre spirituelle contre toutes les églises : « Les Prisons se construisent avec les pierres de la Loi, les Bordels avec les briques de la Religion. » [11] De même nous éclaire-t-il déjà, bien des décennies avant l’exceptionnelle Généalogie de la morale de Nietzsche, sur l’origine de la morale vengeresse, qui est aux antipodes de toute transcendance, mais émane directement de la psychologie individuelle de celui qui — être humain à part entière — la fait naître :

Où Satan, se faisant des Lois tirées de sa propre identité,

Obligeait les autres à la servir en morale gratitude et soumission morale,

Prenant le nom de Dieu, se mettant au-dessus de tout ce qu’on nomme Dieu ; [12]

Georges Bataille a de même analysé avec force l’impossibilité de nature pour tout poète authentique (qu’il suppose toujours d’essence prométhéenne) de se refermer sur lui-même. L’auteur de L’Érotisme ne pouvait qu’être sensible et lucide sur la formidable modernité du poète anglais, tant dans le domaine de la sexualité qu’il voulait libérée ou du renversement moral. Aussi nous ouvre-t-il dans de lumineuses phrases sur ce qu’est, à ses yeux, l’acte poétique :

« La poésie n’accepte pas les données des sens dans leur état de nudité, mais elle n’est pas toujours, et même elle est rarement le mépris de l’univers extérieur. Ce sont plutôt les limites précises des objets entre eux qu’elle récuse, mais elle en admet le caractère extérieur. Elle nie, et elle détruit la proche réalité, parce qu’elle y voit l’écran qui nous dissimule la figure véritable du monde. La poésie n’en admet pas moins l’extériorité par rapport au moi. » Un peu plus loin, il approfondit l’essence de l’acte créateur du poète qui rend le monde digne d’être vécu et élevé jusqu’au sacré : « La poésie qui nie et détruit la limite des choses, a seule la vertu de nous rendre à son absence de limite ; le monde, en un mot, nous est donné quand l’image que nous en avons est sacrée, car tout ce qui est sacré est poétique, tout ce qui est poétique est sacré. (…) [La] religion et la poésie jamais ne cessent de nous jeter passionnément hors de nous, en de grands élans où la mort n’est plus le contraire de la vie. Précisément, la pauvreté de la poésie, ou de la religion, dépend de la mesure où l’introverti les ramène à la hantise de ses sentiments personnels. La vertu de Blake fut de dépouiller la figure individuelle de l’une et de l’autre, et de leur rendre cette clarté où la religion a la liberté de la poésie, la poésie le pouvoir souverain de la religion. » [13] Ce long passage nous éveille à la grandeur de la lumière poétique — donc à celle de William Blake, qui plus qu’aucun autre sut s’en rendre digne.

Une épopée des profondeurs

Cela tient avant tout à la lucidité avec laquelle celui-ci s’est tenu à l’écoute des échos de l’intériorité humaine. Si William Blake avait accepté d’être un apôtre, celui-ci n’eût pu être que celui de l’énergie, de l’acte créateur, comme le rappelle le Barde Milton, inspiré par le Génie Poétique :

Le Barde répondit : « Je suis Inspiré ! Je sais que c’est la Vérité ! car je Chante

Selon l’inspiration du Génie Poétique

Qui est l’éternelle, la toute protectrice et Divine Humanité,

À qui soient Gloire — et Puissance et Domination À Jamais. Amen. [14]

Yves Bonnefoy, lui-même grand poète, a su saisir le mouvement continu de la « ligne » blakienne qui plonge, profondément, dans l’inconscient humain [15]. On y expérimente l’intériorité — telle une perception directe de ce que le filtre de la rationalité ne nous permet plus de recevoir — et le style creuse dans les profondeurs de l’entendement humain, engendre la victoire radicale contre toutes les sources de limitation et d’enfermement.

C’est ce que nous dévoile l’étude que nous en donne Yves Bonnefoy : “cette ligne qui s’est allégée de l’observation des choses se fait toujours plus autonome, se prêtant alors à des intuitions (…) le trait ne cesse de gagner en indépendance, en hardiesse, il impose des rythmes, il tranche dans l’apparence, il lui imprime souvent des horizontales, des verticales qui ne disent que la pensée : le regard qui allait aux choses dehors a cédé à un regard du dedans, un filet où ce sont d’étranges visions qui sont prises. C’est comme si, entraînant les mots des poèmes, la main qui traçait le trait, qui en fait cette ligne omniprésente et dominatrice, plongeait bien plus bas qu’eux dans d’ignorées profondeurs de la vie psychique, mettant à découvert une extraordinaire cosa mentale.” [16]

Nous découvrons en William Blake l’énergie de l’endurance. Le peintre et le poète — création unique chez l’artiste anglais — annoncent la recherche de la « liberté libre » chère à Rimbaud, quête vertigineuse totalement étrangère à la fade liberté prônée de nos jours rabaissée au niais caprice, et qui passe chez Blake par une expérimentation du passage par l’intériorité. Yves Bonnefoy donne ses lettres de noblesse aux figures mythologiques, affirmant que “Urizen, et combien d’autres (…) signifient d’abord le droit que ce poète se donne d’être soi, en sa subjectivité, au moment même où il plonge ses yeux dans la réalité essentielle.”

Or, « sa subjectivité » est celle de l’humaine condition, pour parler le langage de Montaigne. C’est ce que met également à jour Yves Bonnefoy qui rappelle que William Blake “voit sa subjectivité un passage entre l’esprit et la vérité, il nous indique que ce rapport à soi de l’être parlant est la voie : et c’est là en dire beaucoup, déjà, sur la nature autant que le lieu d’un vaste continent dans les profondeurs du psychisme qui jusqu’alors n’avait guère été abordé que par des voyageurs accablés de dogmes, troublés par des préjugés religieux (…). Puisque ce gouffre sous la raison est fait des désirs, des faims, des aspirations aussi, des êtres comme ils sont, réduits à leur finitude, voués ainsi à leur subjectivité, c’est par celle-ci que l’on doit passer pour connaître, nous dit-il, il y a de ce côté-là des façons de percevoir, de ressentir, de penser qu’il faut non seulement subir dans le rêve nocturne, comme un Füssli, ou laisser filtrer dans des œuvres d’art restées conçues à notre niveau rationnel et diurne, mais hardiment ajouter — voire opposer, s’il le faut — aux propositions de la raison. Blake ouvre un champ où Freud, Jung, Kafka et autres penseurs de la nuit humaine viendront plus tard confirmer le bien-fondé de son dire.” [17]

L’aventure unique pour le lecteur qui se confronte à un créateur de la portée d’un William Blake le mettra face à un des univers les plus difficiles d’accès. Qu’il s’agisse du sublime Milton ou de l’inégalable Jérusalem, l’effort demandé sera bientôt récompensé d’une ivresse libératrice. En effet, cet élan continu du verbe blakien ranime l’esprit des premiers génies de l’histoire humaine — tout en annonçant ceux à venir. Tout créateur authentique est un passeur — et un contemporain du Temps.

Slide 1 : Illustration pour le Paradis perdu de John Milton — William Blake — 1807
Slide 2 : Illustration pour le Paradis perdu de John Milton — William Blake — 1807
Slide 3 : Illustration pour le Paradis perdu de John Milton — William Blake — 1807
Slide 4 : Illustration pour le Paradis perdu de John Milton — William Blake — 1807
Slide 5 : Illustration pour le Paradis perdu de John Milton — William Blake — 1807
Slide 6 : Illustration pour le Paradis perdu de John Milton — William Blake — 1807
Slide 7 : Illustration pour le Paradis perdu de John Milton — William Blake — 1808
Slide 8 : Illustration pour le Paradis perdu de John Milton — William Blake — 1809
Slide 9 : Illustration pour le Paradis perdu de John Milton — William Blake — 1808
Slide 10 : La Tentation et la Chute D’Ève — William Blake — 1808

Le renouveau d’essence héraclitéenne

S’il est un trait constant dans l’œuvre de Blake, c’est la vitalité d’un style qui semble ne jamais vouloir demeurer au repos. On y vit un élan qui se génère lui-même et s’enlace dans son propre rythme pour s’élancer à nouveau. Les grands poèmes mythologiques et épiques prophétisent et quêtent le maintien d’une dialectique interne, qui devra être, de même, celui de l’univers. Cette vision — annoncée dès les deux « Chants » qui, à l’image du Baudelaire à venir, énoncent les deux versants de l’être humain — est clairement décrite dans le Mariage du Ciel et de l’Enfer. Des échos héraclitéens sont perceptibles lorsqu’il pose que :

Sans Contraires, point de progression. L’Attraction et la Répulsion, la Raison et l’Énergie, l’Amour et la Haine sont nécessaires à l’existence Humaine.

De ces Contraires jaillissent ce que les dévots appellent le Bien et le Mal. [18]

Cette vision dialectique perdurera jusqu’au Milton, où, au début du Livre II, il décrit ainsi la terre de Beulah : « Il est un lieu où les Contraires sont également Vrais : / Ce lieu a nom Beulah. » [19] Un des essayistes qui a le mieux dévoilé cette logique interne est incontestablement Henri Lemaître, dans son magistral Vision et poésie [20]. Il y détaille de quelle façon le refus de tout dogme s’énonce dans ce mouvement perpétuel.

Le premier point dans ce que William Blake nomme « l’ordre newtonien » est la condamnation absolue du rationalisme. Henri Lemaître explique que cet « ordre newtonien » entraîne “la simplification rationalisante qui exclut à la fois la richesse foisonnante du symbolisme poétique et la dialectique progressive de l’Inspiration mystique. Ce conflit [est] irréconciliable entre l’Innocence réorganisée, dont l’instrument opératoire est l’Art, et l’Expérience simplifiante, dont l’organe est le rationalisme.” [21]

Ainsi, le balancement contradictoire — et inévitable — entre Innocence et Expérience est le premier drame épique de ce long cheminement. Ce dernier va s’enchâsser dans un second que Blake détaille ainsi dans une lettre : « Nature et Imagination sont deux irréconciliables. Et il est interdit d’en tenter la réunion, car c’est là Idolâtrie et ruine de l’Âme. » [22]

Toute cette dialectique va entrer en résonance avec celle de Jéhovah et du Christ, d’Urizen et du Génie Poétique, qui, dit Henri Lemaître [23], est fondatrice pour le parcours spirituel blakien : “De cette dialectique de Jéhovah et du Christ, d’Urizen et du Génie poétique, est née toute l’œuvre de Blake, dans l’unité symbolique du double langage où elle s’exprime, le langage graphique et le langage verbal : elle est, tout entière, comme le journal lyrique et épique de la lutte spirituelle [24] dont l’arme exclusive, et finalement triomphante, est précisément le Langage, mais dans la totalité de sa forme — graphique et verbale — et de son essence — symbolique et mystique (…). La loi génétique de cet univers (…) est une loi de cohérence dialectique, dont la vie, l’œuvre et la mythologie du visionnaire offrent de remarquables exemples.”

Le point fondamental de l’expérience blakienne, rappelle Henri Lemaître, est la “conscience aiguë de la solidarité des contradictoires, et il ne cessera de s’opposer, comme à la pire des erreurs spirituelles, à toutes les tentatives, de quelque ordre qu’elles soient, et qu’il s’agisse d’esthétique, de morale, de politique ou de religion, qui visent à réduire la condition contradictoire de l’Homme et à rompre le dynamisme dialectique de la solidarité des contradictoires. Blake ne cesse de voir son propre univers à travers les figures et images de couples contradictoires et solidaires, et si, par exemple, on veut centrer sa mythologie sur son schème essentiel, on s’aperçoit que tout événement s’y produit par interférence de couples [25]”. Rien n’est plus étranger à cet univers mystique que l’immobilité tranquille, sereine jusqu’au dessèchement de l’âme et du monde. La vision blakienne est essentiellement du même ordre que le célébrissime « Panta rhei » (Πάντα ῥεῖ) héraclitéen. D’où l’élargissement cosmique : “la Création et le Monde se figurent aussi à travers ce même schème de l’interférence et de la solidarité des contradictoires : Dieu aussi traverse ce même état d’Expérience, car il est alors cet « Homme engendrant sa ressemblance par Division de sa propre figure » qui fait ‘frissonner l’Éternité [26]’. [27]”

L’incarnation de la révolte

Que ce soit sur le plan moral, ou sexuel, ou politique, ou religieux, ou poétique et artistique, et la liste n’est pas exhaustive, tant s’en faut, jamais William Blake ne s’est comporté comme un individu « sage », « mesuré », « soumis ». Son parti-pris, un extrait de Milton l’énonce sans réserve :

Si vous tenez pour de la Sagesse, étant irrités, de vous taire

Sans le montrer, j’appelle cela non pas Sagesse mais Folie.

La Sagesse de Tout Homme est particulière à son individualité propre. [28]

Parmi les essayistes à avoir le plus excellemment exprimé l’esprit de révolte en littérature — et à l’avoir mis à jour chez William Blake — nous trouvons bien évidemment à nouveau Georges Bataille. L’auteur de L’Expérience intérieure ne pouvait qu’être sensible à un poète et artiste si totalement investi dans sa création — et que rien ni personne, ni la solitude, ni la pauvreté, ni le snobisme des modes qu’il a dénoncés avant tout le monde, ni les moqueries des médiocres, n’avait pu faire reculer de sa mission.

Dès l’avant-propos de la Littérature et le mal [29], Georges Bataille pose une affirmation que n’eût pas reniée Antonin Artaud, en raison de son très haut degré d’exigence : « La littérature est l’essentiel, ou n’est rien. Le Mal – une forme aiguë du Mal – dont elle est l’expression, a pour nous, je le crois, la valeur souveraine. » Toutefois, à l’égal d’un Baudelaire ou d’un Nietzsche qu’il admirait beaucoup, cette « forme aiguë du Mal » exige chez l’écrivain authentique un degré d’exigence hors du commun. Elle est dépassement d’une certaine idée de l’homme étriquée, éteinte, un élan vers ce que peut devenir l’homme : “Mais cette conception ne commande pas l’absence de morale, elle exige une « hypermorale ». (…) L’action seule a les droits.” [30] et plus loin : « La transgression des interdits n’est pas leur ignorance : elle demande un courage résolu. Le courage nécessaire à la transgression est pour l’homme un accomplissement. C’est en particulier l’accomplissement de la littérature, dont le mouvement privilégié est un défi. La littérature authentique est prométhéenne. L’écrivain authentique ose faire ce qui contrevient aux lois fondamentales de la société active. (…) Le péché, la condamnation, est au sommet. » [31]

Nous ne pouvons donc être surpris que Georges Bataille, également traducteur de William Blake, affirme que la vie de ce dernier « annonce non sans fracas l’entrée dans le monde de l’esprit de révolte. [32] » Et comment en eût-il pu être autrement envers le défenseur radical de la valeur suprême accordée à la joie et à l’acte ?

Un apologiste de la joie et de l’acte

Cette « liberté libre » rimbaldienne, dont nous parlions plus haut, s’affranchit de toutes limites issues de la morale et de raison — y compris celles qui se sont si bien ancrées dans l’entendement que nous ne les percevons même plus. Pour s’en convaincre, il n’est qu’à se mettre à l’écoute de ce dont le fin voyant qu’était William Blake fait l’éloge. Ainsi, l’énergie est chez lui une des vertus, et c’est dans l’Enfer, du côté de Satan, le grand révolté, qu’il s’y ressource :

Le Bien est le passif qui obéit à la Raison. Le Mal est l’actif qui sourd de l’Énergie. / 

Le Bien, c’est le Ciel. Le Mal, c’est l’Enfer. / LA VOIX DU DIABLE : L’Énergie est la seule vie, et procède du Corps ; et la Raison est la limite ou circonférence extérieure de l’Énergie. / L’Énergie est Éternel Délice. [33]

Ce contempteur des limites ne pouvait que se faire l’ennemi des moralistes pour qui le désir — sous toutes ses formes — est hautement condamnable. William Blake, tout au contraire, y voit la source de l’élan énergétique, de la création, de la vie, de la liberté. D’où cette apologie qui renverse les codes établis :

Ceux qui répriment le Désir le font parce que le leur est assez faible pour être réprimé ; et l’agent répressif ou raison usurpe sa place et gouverne le vouloir déficient. / Et, à force d’être réprimé, le désir peu à peu devient passif, jusqu’à n’être plus que l’ombre du désir. [34]

William Blake se fait enfin le défenseur sans faille de l’acte, sans lequel désir et énergie ne seraient que brume sans réalité. L’acte poétique ou artistique fonde de lui-même, par le geste même, sa propre vertu et la cristallisation de ce qu’il y a de plus divin dans l’homme s’y déploie. On s’en convainc sans peine en lisant ces quelques aphorismes qui annoncent que l’Éternité même est amoureuse des produits du temps. [35]

Nul oiseau ne vole trop haut s’il vole de ses propres ailes.

Le fou, s’il persévérait dans sa folie, deviendrait sage.

Les joies fécondent. Les peines accouchent.

La citerne contient, la fontaine déborde.

Jamais l’aigle ne perdit plus de temps que lorsqu’il se laissa instruire par le corbeau.

On ne sait jamais ce qui suffit si l’on n’a pas connu l’excès.

Quand tu vois un Aigle, tu vois une parcelle de Génie ; lève la tête !

Créer une petite fleur veut le labeur des siècles.

Exubérance est Beauté.

La part divine de l’homme se constituait pour Blake de son essence créatrice. Le contresens à ne pas faire sur sa vision mystique et d’en imaginer la source dans un ailleurs quelconque. Le monde divin est le nôtre — et tout être humain qui crée (par l’art ou par sa vie) un environnement harmonieux et rayonnant est Dieu. L’acte fonde la divinité de l’homme. D’où cette mise au point rappelée dans Milton : [36]

Mais dans l’Éternité les Quatre Arts, la Poésie, la Peinture, la Musique / et l’Architecture, qui est Science, sont les Quatre Visages de l’Homme.

William Blake est l’illustration vivante de sa vision du monde. Nous assistons avec la totalité de son être à l’enchâssement réciproque : vie-œuvre-idéal, sorte d’entité mystique au sein de laquelle William Blake a créé l’image vivante, la possibilité réelle et effective d’un existentiel élevé au sublime.

Slide 1 : La Création d’Adam — William Blake — 1795
Slide 2 : Dommage — William Blake — 1795
Slide 3 : Nabuchodonosor — William Blake — 1795
Slide 4 : La Divine Comédie : L’Enfer — William Blake
Slide 5 : Les Anges du bien et du mal — William Blake — 1795-1805
Slide 6 : Béatrice et Dante — William Blake — 1824-1827
Slide 7 : Satan torturant Job — William Blake — 1826
Slide 8 : La Maison des morts — William Blake — 1795-1805

Le sublime déployé au sein de l’art 

La perfection du trait associée à la puissance évocatrice, telles pourraient être en partie ce qui ressort d’un contact immédiat avec les peintures de William Blake. Celui-ci, comme tous ceux qui, dans l’histoire de l’art, ont « fait date », est l’homme de la transition essentielle. Il appartient bien sûr à son époque — mais il la transcende, la dépasse, est déjà au-delà. Dans l’histoire de l’art, William Blake tient une place essentielle. Ce graveur demeure l’œil sublime et halluciné happant le spectateur dans un saisissement qui est esthétique, bien sûr, mais pas seulement.

Nous sommes évidemment en admiration devant les gravures que l’on peut contempler à la Tate Gallery, peintes à la plume et à l’aquarelle et datées de 1795. Notre sentiment ne faiblira nullement face aux livres enluminés qu’il créa de 1794 à 1795, ou dans les grandes estampes en couleurs, datées de 1795, comme « La Pitié », « Newton » ou encore « Hecate ou la Nuit de la joie d’Énitharmon ». Et qui ne serait muet, ne sentirait grandir son âme face aux splendides illustrations, inachevées, qu’il fit pour la Divine Comédie de Dante ? Égalant en génie son illustre prédécesseur, le peintre florentin de la Renaissance Sandro Botticelli, qui fit à la demande des Médicis de nombreux dessins sur parchemins dans l’année 1490, William Blake se lança vers soixante-dix ans dans ce vaste projet. Sa santé faiblissait, mais telle était son énergie spirituelle qu’il n’hésitait ni ne reculait devant cette tâche immense. Nous savons qu’il le fit à la demande de John Linnell, peintre britannique et grand soutien de ses dernières années.

Ce talent le place sans nul doute parmi les plus grands peintres de l’histoire de l’art. Dans Le Génie visionnaire du romantisme anglais [37], Martin Butlin le considère même comme « l’un des héritiers les plus singuliers du mouvement néoclassique qui domina l’art européen de la fin du XVIIIe au début du XIXe siècle. » L’adjectif « singulier » met en avant, avec justesse, le souci de sans cesse injecter dans tout ce qu’il apprend, lit, utilise, cette spiritualité qui lui est propre. Ainsi, si Blake admire le génie de Dante, il en combat la vision punitive et déploiera dans ses gravures sa perception personnelle du Bien et du Mal. Martin Butlin signale que c’est dans ces dernières « que sa technique trouve son expression la plus accomplie. Comme Milton, Dante était un poète dont Blake ne partageait pas du tout les conceptions religieuses, mais qui stimulait son imagination. Le Cercle des luxurieux, dit Le Tourbillon des amants, fournit un autre exemple magnifique de schéma de composition abstrait mis au service d’une illustration parfaitement fidèle au texte. » [38]

D’une culture immense, William Blake n’était cependant pas un suiveur. Kant, dans la Critique de la faculté de juger, prévenait déjà que le propre du génie est de donner son sens et ses cadres à l’art. C’est ce que l’on devine chez William Blake. Roland Recht [39] affirme de même que, pour Blake, « peinture et poésie étaient nées en même temps que lui. » Il est dans et déjà au-delà du néoclassicisme. Ce n’est nullement un hasard si, comme le précise toujours Roland Recht, William Blake ne s’est jamais senti obligé de produire des écrits programmatiques. L’admirateur qui désirerait se pencher sur une hypothétique théorie de l’art blakien devrait se contenter de « textes à caractère théorique, souvent sommaires, que contiennent certaines œuvres en prose ou en vers de Blake. Guidé uniquement par son “inspiration” (…), Blake ne pense pas devoir justifier ses choix formels : ils sont, eux aussi, dictés par ce qu’il nomme son “génie”. » [40]

Le fil conducteur de toute la création blakienne demeure, jusqu’à ses dernières œuvres, la puissance évocatrice qui hante quiconque s’y confronte, en même temps qu’une liberté qui n’acceptera, en termes de règles que celles qui lui serviront à déployer ses visions. Pour ne prendre que deux exemples dans une vaste étendue d’œuvres immortelles, les visages effarés des Anges du Bien et du Mal, dont l’aveuglement de l’ange volant n’est pas sans rappeler celui de la Création d’Adam, ou l’horreur peinte sur le visage de Nabuchodonosor, sont des œuvres qui hurlent une révolte face à un ordre du monde. Ce sont des visions de combat qui sont extirpées de l’entendement blakien. Blake n’est pas un peintre du divertissement. C’est un Créateur de la plus haute nécessité.

Et il l’est d’autant plus qu’il est aussi un intempestif irrécupérable — là encore, Nietzsche, même sans le savoir, s’en fera l’écho — lorsque qu’il offrira au monde à venir des œuvres (écrites ou picturales) qui « étonnent par leur indifférence aux règles communes. Quelque chose d’exorbité, de sourd à la réprobation d’autrui, élève au sublime ces poèmes et ces figures de couleur violente. » [41] Nous nous sentons expulsés de nous-mêmes face à ces personnages écrasés, torturés, ou au contraire frappés d’illumination. Le pouvoir évocateur échappe aux modes et époques. William Blake est l’intemporel sublime.

Il est vrai aussi, comme le rappelle Francis Léaud, que la vision blakienne du sublime est plus ou moins fille de son époque. Mais cet héritage nécessaire est pourtant transfiguré par sa personnalité propre. Commentant l’aphorisme vu plus haut, selon lequel « exubérance est beauté », Francis Léaud dit ceci : « Blake, comme n’importe quel poète ou critique du XVIIIe, définit une région du sublime (qu’il appelle “éternité”) par la grandeur, associée à la terreur, associée à un optimisme supérieur, et dissociée des possibilités ordinaires de l’homme, — sa vue, non sa vision. (…). Blake exécrait le flou, le tachisme, le clair obscur. Ses dessins sont, pour reprendre son expression, circonscrits comme par du fil de fer. Exubérance n’a donc rien à voir avec l’abandon d’une discipline technique : il s’agit du mouvement par lequel l’esprit fait foisonner sa matière, au-delà des limites de la raison. L’exubérance est le signe et l’action du verbe opérant dans sa transcendance qui aboutit à la Beauté, c’est-à-dire à un état où l’apparente immobilité de l’âme contemplative tient à ce qu’elle n’éprouve plus de différence entre son rythme intime et celui de l’objet auquel elle se confie. » [42] Cette analyse illustre ce que nous nommions plus haut « enchâssement réciproque » entre le vécu et l’art. La vaste culture philosophique, artistique et littéraire de Blake n’était jamais donnée pour telle, mais venait enrichir l’idéal mystique et philosophique de toute sa vie.

De là découle sa définition du « poète » ou de « l’artiste ». Blake nommait ainsi non seulement ceux qui composaient ou créaient, mais aussi, et surtout ceux qui le vivaient. Pour reprendre ce que nous disait Georges Bataille de l’écrivain authentique, celui-ci sera moins « immoral » que « hypermoral ». Autrement dit, il se fera lui-même l’image vivante d’une morale supérieure dont toute sa vie rayonnera. Lorsque, dans Le Laocoon, il affirme que « Le christianisme c’est l’art, et non l’argent… », il poursuit le propos, nous dit Francis Léaud, selon lequel « Poète, Peintre, Musicien, Architecte : l’homme ou la femme qui n’est l’un d’eux n’est pas chrétien », — et « Jésus et ses Apôtres et Disciples étaient tous des Artistes (…) ». (…) réfléchir sur l’acception que Blake donne au mot « Art ». Jésus, par exemple, est artiste : sans doute parce qu’il possède à un degré transcendant la vision et l’imagination. Mais sa pratique ? celle de ses disciples ? Elle doit s’entendre par sa finalité. Il n’est pas artiste parce qu’il compose de poétiques paraboles. Il l’est parce qu’il accepte de montrer en sa personne le type de l’homme éternel, et la tragédie de l’homme éternel passant par les vicissitudes imposées par les sociétés civiles pour renaître intégral après l’inévitable passion. » [43]

Créer est une totalité existentielle et il serait inacceptable pour William Blake de ne pas mettre systématiquement en accord l’œuvre, la vie et les préceptes que l’on énonce. Cette exigence d’authenticité n’est pas unique dans l’histoire de la pensée. On retrouve d’autres exemples. Il en est un, notamment, qui mérite que l’on s’y arrête.

Une étonnante et éclairante proximité avec son antithèse absolue

S’il fallait trouver dans l’histoire du génie humain une illustration de cette « unité dialectique des contradictoires », nous le trouverions dans « de longs échos qui de loin se répondent », pour parler la langue de Baudelaire, entre Spinoza et Blake. L’opposition radicale entre le philosophe rationaliste hollandais qui se méfiait des erreurs de l’imagination, et le peintre et poète anglais qui vomissait toutes les théories rationalistes et n’acceptait que les produits de l’imagination, semblerait ne pouvoir envisager aucun point d’accroche. Mais ce serait rester en surface et ne pas percevoir l’unité, cachée dans les limbes de l’entendement, des composantes du génie humain.

Tous deux sont dans leurs domaines à la fois des précurseurs et des novateurs, ayant courageusement persévéré dans leurs voies, libres et d’une absolue lucidité, malgré les calomnies et la solitude. Ils ont, chacun suivant sa vision propre, chanté la liberté politique et ils se sont battus pour tous les humains, malgré le torrent d’avanies que ces derniers leur faisaient subir.

Enfin, leurs cheminements intellectuels — on ne peut plus opposés — les ont menés à renverser les codes moraux étriqués afin de poser, comme un signe de perfection, l’accession à la joie, à l’amour et à l’épanouissement partagé universellement des acquis de l’esprit. Nul doute que, si tous deux s’étaient rencontrés, ils se seraient difficilement entendus. Du moins intellectuellement, même si on peut penser qu’humainement, chacun eût apprécié la valeur de l’autre. Mais les lecteurs que nous sommes peuvent mesurer, par-delà les siècles, la cime lumineuse où tous deux se rejoignent. Cime vers laquelle, pour mériter du don qui nous est fait, il nous convient de tendre, inlassablement.

[1] Georges Bataille, La Littérature et le Mal, Folio/essais, Gallimard, 1957, p. 59.

[2] Georges Bataille, op. cit., p. 59.

[3] Milton, suivi de Le Jugement Dernier, édition établie et traduite par Pierre Leyris, préface de Kathleen Raine, José Corti, Librairie Corti, 1999, p. 81.

[4] Œuvres III, « Toutes les religions sont une », gravé vers 1788, traduction de Pierre Leyris, présentation de Jacques Blondel et Pierre Leyris, Aubier, 1980, Paris, p. 53-55.

[5] Milton, op. cit., p. 67-69.

[6] Dans l’édition de Milton, op. cit., entre les pages 68 et 69, une illustration nous montre « Satan (l’autité) en flammes ».

[7] William Blake, collection U/U2, série « Études anglo-américaines », textes choisis et présentés par Francis Léaud, Librairie Armand Colin, 1968, p. 8.

[8] Milton, op. cit., p. 71.

[9] Œuvres III, op. cit., « Le Mariage du Ciel et de l’Enfer », p. 163.

[10] Op. cit., Le Mariage du Ciel et de l’Enfer, p. 169.

[11] Op. cit., Le Mariage du Ciel et de l’Enfer, p. 163.

[12] Milton, op. cit., p. 71

[13] Georges Bataille, op. cit., p. 63-64.

[14] Milton, op. cit., p. 81

[15] William Blake (1757-1827), Le Génie visionnaire du romantisme anglais, sous la direction de Michael Phillips, avec la collaboration de Catherine de Bourgoing, Petit Palais — Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris (2 avril – 28 juin 2009), Paris Musées, 2009. L’article d’Yves Bonnefoy s’intitule « Un prophète de l’écriture ».

[16] Op. cit., p. 26.

[17] Op. cit., p. 27.

[18] Op. cit., p. 159.

[19] Milton, op. cit., Livre Second, P. 139

[20] William Blake – Vision et poésie, Henri Lemaître, Librairie José Corti, 1985, Paris.

[21] William Blake – Vision et poésie, op. cit., p. 8.

[22] Lettre à Butts, 6 juillet 1803.

[23] William Blake – Vision et poésie, op. cit., p. 9-10.

[24] Poème liminaire de Milton, 1804.

[25] William Blake – Vision et poésie, op. cit., p. 33-34.

[26] Livre d’Urizen, VI, 1, K. 229.

[27] William Blake – Vision et poésie, op. cit., p. 33-34.

[28] Milton, op. cit., p. 51.

[29] Georges Bataille, La Littérature et le Mal, op. cit., p. 9-10.

[30] Georges Bataille, La Littérature et le Mal, op. cit., p. 10.

[31] Georges Bataille, La Littérature et le Mal, op. cit., p. 157-158.

[32] William Blake, traduit et présenté par Georges Bataille, Fata Morgana, dessins de André Masson, 2008.

[33] Œuvres III, op. cit., « Le Mariage du Ciel et de l’Enfer », p. 159.

[34] Œuvres III, op. cit., « Le Mariage du Ciel et de l’Enfer », p. 160-161.

[35] Œuvres III, op. cit., « Le Mariage du Ciel et de l’Enfer », p. 163-167.

[36] Milton, op. cit., p. 129.

[37] Milton, op. cit., p. 65.

[38] Milton, op. cit., p. 72-73.

[39] Entre Moyen Âge et avènement d’un art nouveau : William Blake et la ligne prophétique, Roland Recht, p. 15.

[40] Idem.

[41] Georges Bataille, La Littérature et le Mal, op. cit., p. 60.

[42] William Blake, op. cit., p. 19-20.

[43] Francis Léaud, op. cit., P. 21.

Vidéos

3 coups de pinceau : William Blake. NART l’art en 3 coups de pinceau.

William Blake – Une vie, une œuvre : le visionnaire engagé. Éclair Brut.

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