Jérôme Noirez
Jérôme Noirez
Voilà Long John Silver, le célèbre forban unijambiste panthéonisé sous la houlette de l’écossais Robert Louis Stevenson, invité à se perdre sous la plume de Dorison et le trait de Lauffray dans les méandres de l’Amazonas, en quête d’un trésor à faire pâlir toutes les cours européennes. Nos deux compères revisitent cette légende du récit de pirates avec une maestria évidente, polie d’un fantastique assumé, au service d’une aventure nerveuse et flamboyante. Un superbe hommage, serti d’une non moins superbe édition que la maison Dargaud nous propose dans ce format deluxe pour une tétralogie qui fera date au sein de la riche matière des productions propres au genre.

Infos pratiques

Long John Silver

Xavier Dorison et Mathieu Lauffray

Mathieu Lauffray

Mathieu Lauffray (tomes 1 à 4), Thimothée Montagne (tome 1)

Marie Aumont (tome 2)

Mathieu Lauffray

Robert Louis Stevenson

France

Éditions Dargaud

Inédit, édition deluxe, tirage limité

Novembre 2007 (tome 1),
Octobre 2009 (tome 2),
Novembre 2011 (tome 3),
Novembre 2013 (tome 4)

4 tomes

De 62 à 70 planches

30,0 x 36,7 — Couleurs

29,00 euros

978-2205-06044-7 (tome 1),
978-2205-06379-0 (tome 2),
978-2205-06744-6 (tome 3),
978-2205-07257-0 (tome 4)

© Éditions Dargaud, 2007–2013 — Scénario
© Xavier Dorison, 2007–2013 — Scénario, dessin et couleurs
© Mathieu Lauffray, 2007–2013

Long John Silver

Xavier Dorison,
Mathieu Lauffray

Chronique réalisée par Franck Brénugat

NOTRE ÉVALUATION

Dessin
Personnages
Histoire

HISTOIRE

Lord Byron Hastings a fait la découverte des énormes richesses de la mythique cité de Guyanacapac, perdue au cœur des terres de l’Amazonas. Afin de pouvoir ramener cette prodigieuse montagne d’or, il mandate l’Indien Moxtechica de s’en retourner en Angleterre afin d’en informer son épouse, lady Vivian Hastings, et son frère le capitaine Edward Hastings. À charge pour la première de financer l’opération financière par la vente du domaine familial et pour ce dernier de diriger l’expédition. Désireuse de faire partie de celle-ci, elle persuade le docteur Livesey de la mettre en contact avec les Frères de la côte, pirates sans foi ni loi, afin de pouvoir lui assurer une protection contre le probable courroux d’un mari tyrannique, cette dernière étant tombée enceinte durant l’absence de son mari. À la tête de cet étrange attelage, un certain Long John Silver, dont la réputation n’est plus à établir. En guise de paiement, lady Hastings lui promet une part non négligeable du trésor. Un étrange pacte de sang qui ne sera pas sans conséquence. Ayant affrété le Neptune, vaisseau accusant les affres des années, le capitaine Edward Hastings traverse l’océan en direction des côtes amazoniennes, dont lui seul et Moxechica connaissent l’accès qui les conduira vers le fabuleux trésor, objet de toutes les convoitises. Les tensions ne manquent pas de surgir entre les différents protagonistes, Long John Silver attendant le moment propice pour s’emparer du commandement, malgré la faiblesse numérique de ses hommes.

Au terme d’une mutinerie qui ne manquera pas de laisser quelques traces lourdes de conséquences, le Neptune atteint enfin les côtes tant recherchées. Se frayant, non sans mal, un chemin parmi les effroyables courants et ressacs à l’embouchure du fleuve, voilà notre expédition naviguant sur le plus long fleuve du monde, en route vers un eldorado auquel tous aspirent, après moult péripéties et découragements. Mais notre singulière cohorte, fortement amoindrie et arrivée au terme d’un long et périlleux voyage ne sera nullement au bout de ses peines, le Nouveau Monde déployant un terrible secret aux ramifications indicibles. Un eldorado qui pour certains pourrait bien se transformer en tombeau…

« De Silver, nous n’avons plus jamais entendu parler. Ce formidable marin à une jambe a enfin disparu de ma vie. Je suppose qu’il a retrouvé sa vieille négresse et que, peut-être, il coule des jours heureux avec elle et le capitaine Flint. C’est à espérer, du moins, car ses chances de bonheur dans l’autre monde sont des plus minces… » nous renseigne l’écrivain Robert Louis Stevenson par l’entremise de son jeune narrateur Jim Hawkins. Au terme de cette histoire revisitée, nous savons qu’il n’en sera rien… Une légende est née.

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Long John Silver – Lady Vivian Hastings – Tome 1 – Édition classique — Scénario © Xavier Dorison et Mathieu Lauffray, 2007 — Dessin © Mathieu Lauffray, 2007 — Couleurs © Thimothée Montagne, 2007 — Adaptation © Robert Louis Stevenson, 1881-1882 — © Éditions Dargaud, 2007

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Long John Silver – Neptune – Tome 2 – Édition classique — Scénario © Xavier Dorison et Mathieu Lauffray, 2008 — Dessin et couleurs © Mathieu Lauffray, 2008 — Adaptation © Robert Louis Stevenson, 1881-1882 — © Éditions Dargaud, 2008

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Long John Silver – Le Labyrinthe d’émeraude – Tome 3 – Édition classique — Scénario © Xavier Dorison et Mathieu Lauffray, 2010 — Dessin et couleurs © Mathieu Lauffray, 2010 — Adaptation © Robert Louis Stevenson, 1881-1882 — © Éditions Dargaud, 2010

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Long John Silver – Guyanacapac – Tome 4 – Édition classique — Scénario © Xavier Dorison et Mathieu Lauffray, 2013 — Dessin et couleurs © Mathieu Lauffray, 2013 — Adaptation © Robert Louis Stevenson, 1881-1882 — © Éditions Dargaud, 2013

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Long John Silver – Lady Vivian Hastings – Tome 1 – Édition deluxe — Scénario © Xavier Dorison et Mathieu Lauffray, 2007 — Dessin © Mathieu Lauffray, 2007 — Couleurs © Thimothée Montagne, 2007 — Adaptation © Robert Louis Stevenson, 1881-1882 — © Éditions Dargaud, 2007

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Long John Silver – Neptune – Tome 2 – Édition deluxe — Scénario © Xavier Dorison et Mathieu Lauffray, 2008 — Dessin et couleurs © Mathieu Lauffray, 2008 — Adaptation © Robert Louis Stevenson, 1881-1882 — © Éditions Dargaud, 2009

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Long John Silver – Le Labyrinthe d’émeraude – Tome 3 – Édition deluxe — Scénario © Xavier Dorison et Mathieu Lauffray, 2010 — Dessin et couleurs © Mathieu Lauffray, 2010 — Adaptation © Robert Louis Stevenson, 1881-1882 — © Éditions Dargaud, 2011

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Long John Silver – Guyanacapac – Tome 4 – Édition deluxe — Scénario © Xavier Dorison et Mathieu Lauffray, 2013 — Dessin et couleurs © Mathieu Lauffray, 2013 — Adaptation © Robert Louis Stevenson, 1881-1882 — © Éditions Dargaud, 2013

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Long John Silver – Édition intégrale – Tirage limité — Scénario © Xavier Dorison et Mathieu Lauffray, 2007-2013 — Dessin et couleurs © Mathieu Lauffray, 2007-2013 — Adaptation © Robert Louis Stevenson, 1881-1882 — © Éditions Dargaud, 2015

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Long John Silver – Édition intégrale – Tirage limité — Scénario © Xavier Dorison et Mathieu Lauffray, 2007-2013 — Dessin et couleurs © Mathieu Lauffray, 2007-2013 — Adaptation © Robert Louis Stevenson, 1881-1882 — © Éditions Dargaud, 2024

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Long John Silver – Édition intégrale – Tomes 1 et 2 — Scénario © Xavier Dorison et Mathieu Lauffray, 2007-2013 — Dessin et couleurs © Mathieu Lauffray, 2007-2013 — Adaptation © Robert Louis Stevenson, 1881-1882 — © Éditions Dargaud, 2024

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Long John Silver – Édition intégrale – Tomes 3 et 4 — Scénario © Xavier Dorison et Mathieu Lauffray, 2007-2013 — Dessin et couleurs © Mathieu Lauffray, 2007-2013 — Adaptation © Robert Louis Stevenson, 1881-1882 — © Éditions Dargaud, 2024

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Long John Silver – Édition intégrale – Noir et Blanc – Tirage limité à 4000 exemplaires — Scénario © Xavier Dorison et Mathieu Lauffray, 2007-2013 — Dessin © Mathieu Lauffray, 2007-2013 — Adaptation © Robert Louis Stevenson, 1881-1882 — © Éditions Niffle, 2023

Lecture

Long John Silver constitue un habile et bel hommage au roman L’Île au trésor de Robert Louis Stevenson. Le projet prend naissance au début des années 2000. « J’avais envie d’une histoire de genre, d’une grande aventure menée par des personnages aux aspirations fortes. Cette variation autour de L’Île au trésor me permettait aussi de retrouver des sensations de lecture d’enfance. J’ai lu énormément d’ouvrages historiques, afin de dépasser la dimension iconique du pirate et de comprendre que quelle réalité sociale elle reposait. J’ai réécrit plusieurs fois ce scénario, allant jusqu’à rédiger douze moutures d’une même séquence. Je crois qu’inconsciemment, je n’écris qu’en espérant porter mes scénarios au niveau des films ou livres qui m’ont profondément marqué comme Casablanca, African Queen ou… L’Île au trésor » nous renseigne Dorison. Il est vrai que le découpage des scènes se rattache au plus près du septième art, performance qui n’est pas pour nous déplaire. Visuellement très riche, donnant autant à voir de sacrées trognes serrées au plus près — telles celles filmées par un certain Sergio Leone — que de somptueuses étendues — magistrales représentations océaniques qui le disputent aux insondables grandeurs amazoniennes. Le sense of wonder, concept habituellement réservé au seul domaine de la science-fiction, opère ici pleinement. Une aventure, qui, si elle se rappelle volontiers à nos souvenirs d’enfant, n’en demeure pas moins une aventure adulte, en témoignent la violence des rapports entre les protagonistes tout comme la dimension fantastique du dernier opus, guerrière et sanglante. Les nombreux revirements et autres chausse-trappes — toujours au service d’une trame narrative irréprochable — ne trahissent aucun temps mort, et ce, sur l’ensemble du cycle. Concernant nos registres touchant à l’imaginaire, la dimension fantastique se dévoilant en toute fin de récit pourra surprendre les tenants d’une littérature cartésienne et quelques esprits chafouins, mais son traitement s’avère pour nous autres des plus remarquables, sinon dantesques. Dorison ne trahit guère le romancier lorsqu’il se déclare croyant être « dans la droite lignée de Stevenson qui instillait une dose d’étrangeté dans ses romans. »

Sur le plan graphique, Lauffray enrichit la matière du récit de pirates, en évitant l’écueil d’un pittoresque propre au genre par trop suranné parfois : « ma conception du dessin n’est pas de respecter la vérité objective mais de la tordre subtilement pour maximiser son pouvoir d’évocation, car lorsque vous dessinez un pirate, le lecteur l’enrichit de tous ses souvenirs en la matière. » En cela, cette dernière témoigne d’une force évocatrice et émotionnelle rares dans le registre. L’épaisseur des personnages en demeure probablement la meilleure illustration, comme en témoigne notre forban à la jambe de bois, dont une certaine forme d’abnégation disputée à un orgueil démesuré force le respect. Comme à son habitude, le trait de Lauffray se montre chargé, nerveux, pulsionnel, aux antipodes de la ligne claire, tout entier tendu vers la charge émotionnelle tant convoitée. « C’est un travail de metteur en scène et c’est profondément ce qui m’intéresse. Je serai toujours plus Tennessee Williams que Hitchcock » affirme ce dernier. Plus Terry Gilliam que Stanley Kubrick, serions-nous tentés de renchérir.

La tétralogie Long John Silver contribue au renouvellement du récit de pirates, laquelle entremêle habilement récit d’aventure et fantastique. Protagonistes, situations et décors flirtent avec une certaine forme d’outrance revendiquée, où le fantasmagorique et la violence le disputent à certaines plages plus doucereuses et contemplatives. Une dichotomie admirablement mise en scène par nos deux auteurs au faîte de leur art. Un plaisir de lecture de surcroît magnifié au regard de cette superbe édition deluxe, au tirage limité, couchée sur un papier au grammage généreux. « Cet ouvrage ne prétend pas être une suite de L’Île au trésor, mais un humble hommage à cet immense chef-d’œuvre qui ne cesse de nous émerveiller depuis notre enfance. Son seul et unique objet est de retrouver un peu de la poussière du grand rêve que fit naître Robert Louis Stevenson… » mentionne l’incipit du premier tome. Un peu de poussière pour un récit empreint d’images saisissantes, prolongeant nos rêves par-delà la noble matière du roman d’aventure caribéenne.

Collection

Tome 01 — Lady Vivian Hastings — Xavier Dorison et Mathieu Lauffray
Tome 02 — Neptune — Xavier Dorison et Mathieu Lauffray
Tome 03 — Le Labyrinthe d’émeraude — Xavier Dorison et Mathieu Lauffray
Tome 04 — Guyanacapac — Xavier Dorison et Mathieu Lauffray

Vidéos

Mathieu Lauffray vous présente son Long John Silver. KABOOM!.

Long John Silver (volume 1) – tirage de Luxe. BD de LUXE.

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