Jérôme Noirez
Depuis que les éditions Actes Sud ont entrepris de publier dans leur collection Exofictions Liu Cixin, véritable phénomène littéraire de science-fiction en Chine, le succès ne se dément pas sur notre territoire national. Il est vrai que l’intéressé ne manque pas de talent, en témoignent les nombreux prix remportés, dont le Galaxy Award — à neuf reprises ! — et le prix Hugo — une première pour un écrivain asiatique. Aussi, est-ce avec un plaisir non dissimulé que nous voyons son œuvre déclinée en bandes dessinées, Les Futurs de Liu Cixin, cycle comportant quinze titres reprenant autant de nouvelles. Cette audacieuse et bienheureuse initiative, nous la devons à Corinne Bertrand, directrice de la collection chinoise et de son adaptation française aux éditions Delcourt. Entretien avec la principale intéressée, chaleureusement remerciée ici pour sa disponibilité.

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Entretien avec
Corinne Bertrand,
Éditions Delcourt

Entretien réalisé par Franck Brénugat

Depuis que les éditions Actes Sud ont entrepris de publier dans leur collection Exofictions Liu Cixin, véritable phénomène littéraire de science-fiction en Chine, le succès ne se dément pas sur notre territoire national. Il est vrai que l’intéressé ne manque pas de talent, en témoignent les nombreux prix remportés, dont le Galaxy Award — à neuf reprises ! — et le prix Hugo — une première pour un écrivain asiatique. Aussi, est-ce avec un plaisir non dissimulé que nous voyons son œuvre déclinée en bandes dessinées, Les Futurs de Liu Cixin, cycle comportant quinze titres reprenant autant de nouvelles. Cette audacieuse et bienheureuse initiative, nous la devons à Corinne Bertrand, directrice de la collection chinoise et de son adaptation française aux éditions Delcourt. Entretien avec la principale intéressée, chaleureusement remerciée ici pour sa disponibilité.

Qui ne connaît la trilogie Le Problème à trois corps, traduite à ce jour en 28 langues, œuvre magistrale de Liu Cixin dont chaque volume s’est vendu à plus de 35 millions d’exemplaires en Chine et qui fit connaître ce dernier auprès du public français, lequel n’a cessé depuis de porter un intérêt non feint et mérité à l’ensemble de sa production ? Ingénieur dans le nucléaire et féru de sciences quantiques, ses romans et nouvelles abordent au travers de ses quelque 40 récits de fiction une production dont les amateurs de hard science ne manqueront pas de se réjouir. Les tenants d’une science-fiction moins techniciste ne manqueront pas pour autant d’y retrouver leurs petits, tant les spéculations offertes à notre regard ont le bon goût de développer certains enjeux sociétaux et éthiques d’une rare intelligence. Chaque récit prend comme point de départ une problématique scientifique, laquelle sert de prétexte comme levier dramatique afin de nous interroger sur les nombreux défis de notre monde contemporain. Une science-fiction ambitieuse et engagée, qui ne saurait nous déplaire. Après avoir fait une entrée remarquée pour le cinéma — The Wandering Earth sorti en 2019 (il existe une suite à ce film, en Chine.) — et le petit écran — trois saisons prévues sur Netflix pour Le Problème à trois corps —, la bande dessinée prend le relais au travers de l’adaptation de quinze nouvelles de notre auteur, déclinées en autant de tomes. Dirigée par Corinne Bertrand pour les éditions Delcourt, fruit d’une étroite collaboration franco-chinoise, la collection accueille en son sein une équipe pour le moins solide et expérimentée. Venus de divers horizons, France, Chine, États-Unis, Argentine, Espagne, Belgique, Japon ou encore Serbie, ces nombreux collaborateurs offrent par leur diversité et leur talent toutes les conditions réunies pour mettre en valeur l’inépuisable richesse et profondeur des enjeux science-fictifs dont témoignent les écrits du maître. Au regard de la qualité tant narrative que visuelle des premiers titres disponibles au catalogue, on ne peut que se réjouir d’une telle initiative !

lefictionaute : Vous avez longtemps œuvré au bénéfice des éditions Delcourt et Soleil, puis décidez au milieu des années 2010 de prendre du recul avec le milieu en sollicitant un poste de Français Langue Étrangère. Vous voilà projetée au sein de l’université chinoise de Jiaotong dans la province du Jiangsu et aujourd’hui responsable éditorial du projet « Les Univers de Liu Cixin ». Pouvez-vous revenir sur cette genèse éditoriale ?

Corinne Bertrand : En effet, à un moment de ma vie, j’ai fait le point et décidé de suivre une formation pour devenir professeure de français langue étrangère. Mon objectif était de partir loin, de faire une expérience personnelle et familiale globale. J’ai reçu une proposition positive d’une université de la province du Jiangsu, à Huai’an. Un mois plus tard, me voilà professeur en Chine. Ma famille me rejoindra 3 mois plus tard. C’est une aventure extraordinaire, parfois compliquée, riche de découvertes, de rencontres, d’apprentissages. À la suite de cette première année chinoise, nous déménagerons à Shanghai où je donnerai des cours à l’université Jiaotong. Nous rencontrons peu à peu des artistes et des éditeurs dans cette ville fascinante. Mon compagnon et auteur, Thierry Robin, discute un jour avec des éditeurs chinois qui projettent d’adapter des nouvelles de Liu Cixin en bandes dessinées, mais qui sont peu au fait d’une production éditoriale de création et de cette ampleur.

Je les rencontre à mon tour, nous discutons longuement de nos différences culturelles et éditoriales, de l’ambition littéraire et commerciale de l’entreprise. Et parvenons à la conclusion que c’est faisable ! Il a fallu déterminer un format, la ligne directrice générale, le style et le choix des auteurs, la construction financière, etc. FT Culture a montré beaucoup d’audace en ouvrant le marché chinois de la bande dessinée à des récits tous publics et qualitatifs, avec des auteurs du monde entier !
Je me suis donc plongée dans la lecture des récits de Liu Cixin, un écrivain superstar en Chine. Ses livres sont vendus dans toutes les librairies. On assiste à une pièce de théâtre (en chinois) qui adapte Le Problème à trois corps avec maints effets spéciaux sur scène. Dans ces nouvelles se trouvent clairement les ferments de sa célèbre trilogie, parfois de façon explicite, parfois de façon discrète. Cet ensemble de récits révèle le paysage mental de l’écrivain d’une façon étonnante. On y retrouve par exemple des personnages, comme Ding Yi, rencontré dans L’Attraction de la foudre ou une relation père-fils forte comme celle de Brouillage intégral. De nombreuses notions scientifiques, telles que le mode de calcul de La Perfection du cercle, qui se retrouve dans le niveau 2 du jeu Le Problème à trois corps. De nombreuses situations, images marquantes, ou les diverses ressources pour développer le mental humain face à une tâche littéralement « surhumaine ». Tous les récits de la collection préfigurent la trilogie.

Vous précisez dans votre dossier de presse que, pour la première fois, « un éditeur chinois allait produire une collection de bandes dessinées tout public “de fabrication française” et “worlwide quality” ». Est-ce à dire que la production chinoise actuelle ne bénéficie pas des mêmes standards occidentaux ?

La bande dessinée chinoise est une production assez restreinte. Elle a bénéficié d’une formidable histoire, unique en son genre — les lianhuanhua —, mais ce style est délaissé à la fin des années 80 au profit du manga qui, en raison d’une créativité nationale non soutenue, a fini par devenir la norme. La bande dessinée est encore aujourd’hui considérée comme un produit pour enfants et adolescents. Les webtoons sont très populaires (comme tous les produits numériques) largement influencés par le Japon et la Corée. Les comics américains sont représentés grâce aux films Marvel et DC.
Les récits de Liu Cixin sont adaptés au théâtre, au cinéma, sous bien des formes livresques, et ils figurent quasi tous aux préconisations de l’éducation nationale. Le pari de l’éditeur FT Culture a été de tenter des livres « à la française » : de beaux livres à la narration dense, pour ados et adultes. Il enviait notre production, lors de ses visites au festival d’Angoulême, avec sa pluralité graphique, narrative, ou de formats.

Le choix de Liu Cixin s’est porté sur 15 récits, pour la plupart issus de novellas, sur un ensemble d’une quarantaine de courts récits. Aucun roman n’a manifestement joui de ses faveurs. Une raison à cela ?

Le choix a été effectué par FT Culture qui en détient les droits. Financer la création de 15 titres sur un plan international est une entreprise on ne peut plus rare, en Chine, il faut le souligner ! Le contexte de l’époque, avant la pandémie, est à l’ouverture sur le monde, aux collaborations internationales.
Mais je me permets de le préciser : L’Attraction de la foudre est un roman (Ball Lightening, 球状闪电). Son adaptation est parue, en Chine, en 2 volumes, pour ne pas atteindre un prix de vente trop élevé pour le grand public (où les écarts de niveaux de vie restent grands). C’est le livre qui a la plus forte pagination en VF, publié en un volume pour une lecture d’un seul jet. L’immense avantage, c’est qu’on pouvait anticiper les différences potentielles de publication dès la création.

Une trentaine d’artistes (scénaristes, dessinateurs et coloristes) d’une douzaine de nationalités différentes qui ont été convoqués pour cette entreprise. Comment s’est opéré votre choix ? Aviez-vous des critères bien définis ?

L’ambition exprimée était une collection de dimension internationale pour le « tous publics » ; il était donc tout naturel de penser aux nombreux pays qui avaient tissé une histoire avec la bande dessinée et où ce produit culturel existait en tant que marché.
Très en amont de la production, à découvrir ces 15 histoires, me venaient parfois en tête des styles graphiques ou narratifs, des analogies avec certains aspects des univers d’auteurs. Ou alors, ma lecture laissait émerger une ligne de force qui me semblait nécessiter tel ou tel trait. J’ai fait de nombreuses listes, et un plan général sur l’organisation du travail. Il fallait aussi équilibrer l’équipe pressentie avec des auteurs chinois. Et enfin, les intérêts et les agendas de chaque auteur contacté devaient coïncider. La mise en œuvre a été assez longue, mais passionnante !

Vous faites référence à la nécessité d’accompagner les auteurs dans leur travail d’adaptation et de création, ainsi qu’aux « inévitables comités de censure ». Quel rôle ont joué ces derniers dans l’élaboration de la série, sachant que derrière les défis scientifiques et techniques que recèlent les différents récits se faufilent des enjeux pour le moins sociétaux pour ne pas dire politiques ? Comme en témoigne le premier récit, La Terre vagabonde.

Nous en avions parlé assez tôt avec FT Culture, mais il était difficile, à ce stade de la conception, de savoir sur quels points précis elle porterait.
On sait que les sujets politiques, religieux et les scènes de sexe n’y sont pas autorisés. Cela figurait dans mes contrats de travail comme professeur, aussi, du reste…
La question est à savoir ce que recouvrent exactement ces termes.
La censure doit rester opaque et mouvante pour être efficace ; tout peut changer d’un jour à l’autre. C’est un système on ne peut plus pyramidal. Et de mon expérience, il semble que la réponse des gens soit finalement assez empirique. Il a donc fallu s’adapter si ce n’est comprendre. On le nomme le comité de qualité ; parfois, plusieurs comités sont intervenus, celui des Armées quand on représente des corps d’armée ou du matériel militaire, par exemple. Chaque épaulette est vérifiée. Ils interviennent en fin de travail, dessins et couleurs achevés, sur la base d’une impression spécifique. C’est évidemment difficilement concevable pour nous ! Mais c’est incontournable en vue d’une commercialisation. Il a fallu discuter parfois longuement sur chacun des titres ou presque, en toute fin de travail. Moments redoutables… finalement surmontés. Des détails qui pouvaient apparaître « sensibles » à nos yeux d’Occidentaux sont passés sans réel souci. La plupart des modifications de dessin ont concerné la publication chinoise. D’autres détails ont provoqué de fermes demandes de correction, quel que soit le pays de publication. (Il s’agit d’une collection produite en Chine, dont les droits sont ensuite vendus à l’étranger.) Plus c’est mouvant, mieux la censure s’exerce…
Il y a eu des corrections d’ordre culturel, aussi : parce que nos cultures montrent des différences notables, qu’il faut aussi gérer en bande dessinée. Une couleur de vêtement inappropriée en certaines circonstances, ou bien la motivation d’un personnage jugée inacceptable et incompréhensible par une culture chinoise pétrie de confucianisme.
Jeter un pont entre deux cultures nécessite de rester l’esprit ouvert, de part et d’autre.

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Les Futurs de Liu Cixin – Tome 1 – La Terre vagabonde — Scénario © Christophe Bec 2022 — Dessin © Stefano Raffaele 2022 — Couleurs © Marcelo Maiolo 2022 — Lettrage © Studio Charon 2022 — Adapté de © Liu Cixin — © Éditions Delcourt 2022

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Les Futurs de Liu Cixin – Tome 1 – La Terre vagabonde — Scénario © Christophe Bec 2022 — Dessin © Stefano Raffaele 2022 — Couleurs © Marcelo Maiolo 2022 — Lettrage © Studio Charon 2022 — Adapté de © Liu Cixin — © Éditions Delcourt 2022

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Les Futurs de Liu Cixin – Tome 2 – Pour que respire le désert — Scénario © Valérie Mangin 2022 — Dessin © Steven Dupré 2022 — Couleurs © Cyril Saint-Blancat 2022 — Adapté de © Liu Cixin — © Éditions Delcourt 2022

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Les Futurs de Liu Cixin – Tome 2 – Pour que respire le désert — Scénario © Valérie Mangin 2022 — Dessin © Steven Dupré 2022 — Couleurs © Cyril Saint-Blancat 2022 — Adapté de © Liu Cixin — © Éditions Delcourt 2022

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Les Futurs de Liu Cixin – Tome 3 – Les Trois Lois du monde — Scénario et Dessin © Zhang Xiaoyu 2022 — Couleurs © Pan Zhiming 2022 — Adapté de © Liu Cixin — © Éditions Delcourt 2022

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Les Futurs de Liu Cixin – Tome 3 – Les Trois Lois du monde — Scénario et Dessin © Zhang Xiaoyu 2022 — Couleurs © Pan Zhiming 2022 — Adapté de © Liu Cixin — © Éditions Delcourt 2022

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Les Futurs de Liu Cixin – Tome 4 – Nourrir l’humanité — Scénario © Sylvain Runberg 2022 — Dessin © Miki Montlló 2022 — Couleurs © Miki Montlló 2022 — Lettrage © Studio Charon — Adapté de © Liu Cixin — © Éditions Delcourt 2022

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Les Futurs de Liu Cixin – Tome 4 – Nourrir l’humanité — Scénario © Sylvain Runberg 2022 — Dessin © Miki Montlló 2022 — Couleurs © Miki Montlló 2022 — Lettrage © Studio Charon — Adapté de © Liu Cixin — © Éditions Delcourt 2022

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Les Futurs de Liu Cixin – Tome 5 – La Perfection du cercle — Scénario et Dessin © Xavier Besse 2022 — Couleurs © Xavier Besse 2022 — Lettrage © Studio Charon/Xavier Besse/Géraldine Laplanche 2022 — Adapté de © Liu Cixin — © Éditions Delcourt 2022

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Les Futurs de Liu Cixin – Tome 5 – La Perfection du cercle — Scénario et Dessin © Xavier Besse 2022 — Couleurs © Xavier Besse 2022 — Lettrage © Studio Charon/Xavier Besse/Géraldine Laplanche 2022 — Adapté de © Liu Cixin — © Éditions Delcourt 2022

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Les Futurs de Liu Cixin – Tome 6 – Proies et Prédateurs — Scénario © Jean-David Morvan 2022 — Dessin © Yang WeiLin 2022 — Couleurs © Hiroyuki Ooshima/Juliette Steren/Raphael Ribero 2022 — Lettrage © Studio Charon 2022 — Adapté de © Liu Cixin — © Éditions Delcourt 2022

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Les Futurs de Liu Cixin – Tome 6 – Proies et Prédateurs — Scénario © Jean-David Morvan 2022 — Dessin © Yang WeiLin 2022 — Couleurs © Hiroyuki Ooshima/Juliette Steren/Raphael Ribero 2022 — Lettrage © Studio Charon 2022 — Adapté de © Liu Cixin — © Éditions Delcourt 2022

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Les Futurs de Liu Cixin – Tome 7 – L’Attraction de la foudre — Scénario et Dessin © Thierry Robin 2022 — Couleurs © Cyril Saint-Blancat 2022 — Décors © Fei Yang 2022 — Adapté de © Liu Cixin — © Éditions Delcourt 2022

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Les Futurs de Liu Cixin – Tome 7 – L’Attraction de la foudre — Scénario et Dessin © Thierry Robin 2022 — Couleurs © Cyril Saint-Blancat 2022 — Décors © Fei Yang 2022 — Adapté de © Liu Cixin — © Éditions Delcourt 2022

Chaque album bénéficie d’une maquette singulière, dans laquelle certains panoramas nous sont offerts sur trois, voire quatre planches, qu’il convient de déplier. Comment s’est opéré ce choix de maquette, du plus bel effet, mais témoignant d’une pratique peu commune dans le milieu ?

C’est une proposition que j’ai faite à l’éditeur chinois assez tôt dans le processus de travail. Déjà, parce que c’était faisable en Chine ; les contraintes industrielles d’impression et reliure varient selon le pays. Et sur le plan éditorial, parce que ce qui frappe chez cet écrivain, c’est l’ampleur permanente du point de vue, qui provoque un sentiment de sidération. Du cosmique à l’humain. Du vivant terrestre à l’inconnu d’un univers en expansion. Ces grandes pages me semblaient être un bon outil narratif et graphique pour jouer avec cette singularité, pour surprendre. Et enfin, parce que la bande dessinée a une énorme plasticité de langage ; notre production en est la preuve. Les auteurs se sont emparés de ce paramètre dès la conception de leur adaptation. Il n’a pas toujours été aisé d’expliquer, à distance, l’obligation de conjuguer les contraintes techniques de reliure à celles de leur narration alors en construction, et dans diverses langues. Mais ce sont tous des pros !

« De toutes les formes d’expression artistiques et littéraires, la science-fiction est sans doute la plus à même de trouver un écho auprès de publics de différents pays et de différentes cultures », témoigne Liu Cixin dans la préface du premier album. Partagez-vous cette approche ?

C’est un genre littéraire universel.
Quand on est enfant, on veut devenir adulte. Quand on est vieux, on veut savoir ce qu’est la mort. Qui ne s’interroge pas sur son devenir ? La force de vie et un certain degré d’intelligence nous poussent continuellement vers un lendemain fait de progrès. On s’inscrit tous dans un temps, un espace, et dans une possibilité de penser le monde et le temps.
C’est le genre, je crois, le plus riche et complexe. Il se nourrit de nos différences, de notre compréhension du « ici et maintenant », puis joue avec les limites de notre imagination.
La science aujourd’hui va très vite et sur tous les domaines de connaissance. Entre les avancées scientifiques et leur temps d’intégration à une société, il y a pas mal de hiatus, qui créent un terreau fertile.
Cette collection soulève de multiples questions complexes sous des angles faciles d’accès. Au croisement de données scientifiques, d’une situation géopolitique ou carrément cosmique, ces récits imaginent des défis à relever pour l’humanité. Chacun de ces 15 récits nourrit l’image d’un kaléidoscope.
Dans un environnement où la rentabilité économique au profit de quelques-uns et l’immédiateté règnent en maîtres, il est bon de prendre de la hauteur ou de la distance, de faire des projections.  L’humanité a eu, et aura toujours un nouveau défi devant elle.

Vous déclarez par ailleurs ne pas être une spécialiste de la science-fiction, mais apprécier néanmoins celle qui « touche à la politique, à l’économie, au social. » Des romans ou nouvelles que vous avez pu lire dans ce genre, lesquels ont retenu votre attention ?

Amatrice éclairée convient peut-être mieux.
Quand j’étais gamine, le départ en vacances signifiait acheter un roman de SF avec mon père. Un bon souvenir ! Certains classiques de la littérature fantastique et de SF étaient au programme scolaire de mon époque, comme La Planète des singes. À la télé, petite, j’ai été marquée par Les Thunderbirds et une série française intitulée Noires sont les galaxies (peut-être in-regardable aujourd’hui, à vérifier…). La musique électronique devenait populaire. Le terreau s’est fait là, je crois.
Mais puisqu’il faut citer des références : j’adore les écrits d’Alain Damasio. Mon fils aussi.
J’ai adoré Alfred Bester, que m’a fait découvrir Serge Lehman. Les classiques, Asimov, Wells, Herbert, P. K. Dick, Barjavel, Bradbury, j’ai eu une période Tim Powers, Ken Liu, China Mieville, Dantec…
Mais Liu Cixin semble à part. Déjà, ce n’est pas une écriture américaine « de héros », ni même européenne, c’est un autre style. Dans le roman Boule de foudre, le héros disparaît au 2/3 du récit, repoussé à l’arrière-plan et remplacé par un autre personnage plus « utile » ! (L’Attraction de la foudre a conservé Chen de bout en bout.)
Il y a tant d’œuvres ! L’histoire du cinéma est truffée de nombreux et bons récits (Metropolis, 2001, Arrival, Interstellar… ou ce très beau film lituanien en noir et blanc, Novembre). Idem pour les séries télé : La Quatrième Dimension, Black Mirror ou Squid Games… sans parler de la bande dessinée…
Non, je ne suis pas une spécialiste ! J’ai un retard certain sur les romancières de SF, pas Théa Von Harbou ni Mary Shelley, mais les contemporaines.
J’aurai besoin de plusieurs vies ! Je ferai de mon mieux jusqu’à ce que mes neurones lâchent . Le plaisir d’une lecture stimulante est unique.

Vous avez vécu quelques années en Chine et n’avez pas manqué de percevoir de fortes disparités culturelles. Les Chinois portent-ils un regard différent du nôtre sur les technologies et les sciences ? Quelle vision ont-ils du futur ?

C’est une vaste question à laquelle je ne peux répondre que par des détails tirés de ma modeste expérience. Nous partageons des idées communes, et d’autres semblent spécifiques à ce vaste pays.
D’après mes étudiants, les sciences semblent plus valorisées que les domaines littéraires. C’est un peu comme en France, je crois. On vit à l’ère des développements technologiques de pointes. La puissance démographique et financière de la Chine la pousse dans la compétition. Les sciences et leurs incidences économiques sont évidemment le terrain où affirmer son importance ou sa suprématie. L’affaire du ballon météo chinois survolant les États-Unis le rappelle. Aucun pays ne vit isolé des autres.
À l’issue de l’année universitaire dans le Jiangsu, tous les professeurs étrangers ont été conviés à une excursion : découverte d’une grande ferme expérimentale piscicole qui utilise l’aquaponie ; d’une autre qui produit des légumes en hydroponie, et d’un champ colossal de production d’orchidées. Le tout parmi de modestes villages ruraux. Tous les pays font face au même besoin de nourrir la population et d’utiliser les nouveaux outils pour y parvenir.
Pour préparer l’adaptation de L’Attraction de la foudre, Thierry Robin et moi avons visité un laboratoire d’optique quantique de East China Normal University, grâce à l’attaché culturel du consulat de France et à la directrice chinoise du département de physique et du laboratoire. C’était inattendu et intéressant. Nous les remercions. Eux aussi se devaient de publier dans les magazines de référence mondiale pour voir leurs recherches reconnues et validées.
Sur les murs des résidences étaient souvent peintes des séries d’images publicitaires en couleurs qui vantaient les récents progrès technologiques chinois. Souvent, la fusée.
Information mêlée de fierté nationale, sans aucun doute.
J’ai vécu une année dans une « toute petite ville » de 6 millions d’habitants (et très peu d’étrangers), puis 4 ans à Shanghai (26 millions, une ville tournée vers le futur), en immersion parmi la population chinoise. Il y avait une énorme disparité de niveaux de vie, y compris dans les villes. Les salaires, le niveau d’éducation, le système hiérarchique issu du confucianisme… C’est un pays tellement différent de la France. Je l’ai connu (si je puis dire) ouvert sur le monde : de nombreux Chinois recherchaient un professeur étranger pour que leur enfant bénéficie de cours privés à domicile. Tous préféraient les produits étrangers réputés « de meilleure qualité ». Beaucoup pouvaient voyager hors du pays, et pour les plus aisés, y envoyer étudier leur enfant. Depuis 2020, ce pays s’est replié sur lui-même. On verra ce que son gouvernement lui accordera comme ouverture possible durant les prochaines années…
Le sentiment nationaliste est inculqué dès la maternelle. Les premiers mois de la première année d’université, les étudiants sont présents sur les campus, mais en formation par l’armée chinoise. Le groupe est plus fort que les individualités, et plus contrôlable.
Que surgisse une habile communication et toute la population s’enthousiasme ! La fierté nationale est entretenue sur tous les plans possibles. Un ex-chauffeur de taxi fonde la plus incroyable entreprise de distribution du monde (Tao Bao/Alibaba, même si Jack Ma a dû s’installer au Japon depuis) ; la première fusée chinoise s’envole avec succès ; la voiture sans chauffeur fait une brillante démonstration sur les autoroutes aériennes de Shanghai ; une IA à l’apparence d’une jeune fille intègre les bancs d’une université parmi les étudiants « de chair ». On peut payer ses courses par reconnaissance faciale… Tout est prétexte à galvaniser le sentiment nationaliste. L’instrumentalisation passe aussi par des programmes télés qui au quotidien, diffusent des films où de braves Chinois combattent de fourbes Japonais dans des films historiques. L’histoire est un sujet bien vite délicat. Nous l’avons testé plus d’une fois. Le futur, au moins, n’est pas sous contrôle. Est-ce là que respire le « possible » ?
Pendant ce temps, une petite partie de la population cherche à obtenir des informations étrangères ou plus nuancées, à contourner les systèmes de surveillance du monde virtuel comme réel. Mais le maillage est hyper serré. Sous un régime dictatorial aux directives brutales (la gestion de la pandémie…), la population trouve sans cesse de nouvelles façons de contourner les obstacles, de crypter ses messages, de changer le plan initial, de s’adapter au jour le jour.

Liu Cixin se pose comme étant un fervent humaniste, voire un optimiste. Ses récits vont à l’encontre des dystopies ambiantes, malgré des prémices contextuelles peu engageantes. Toutefois, au regard des nombreuses problématiques de nature anxiogène qui s’amoncèlent en ce début de 3e millénaire, comment expliquez-vous cette foi en l’homme dont semble témoigner l’auteur ? Et vous-même, partagez-vous cet enthousiasme ?

Je ne le vois pas spécialement optimiste, plutôt réaliste. La plupart de ces 15 récits ne se terminent pas vraiment bien : l’humanité survit, mais dans le renoncement ou le sacrifice, dans une ampleur cosmique. Liu Cixin propose, tout au long de son œuvre, une prise de conscience de notre nature face aux possibles défis de l’avenir et au développement scientifique.
Un récit américain ou européen se focaliserait peut-être plus sur le vécu individuel. Sa vision est inhabituelle de ce côté du monde, la différence est intéressante.
L’espoir que l’écrivain exprime, c’est que dans une situation périlleuse, grâce à ses capacités à créer et à s’adapter, l’homme peut tirer son épingle du jeu. La science est une puissante ressource.
Il utilise notre dualité en tant qu’espèce : nos diverses limites, une raison qui s’obscurcit par excès, vengeance, arrogance, ou erreur de jugement. Mais nous sommes aussi capables de grandes choses et de gestes héroïques, super-héroïques. Il souligne l’importance des circonstances, et d’un environnement toujours changeant. Il y questionne aussi souvent la morale, l’éthique.
Au dernier festival d’Angoulême, à l’expo Druillet, je tombe sur un propos de ce grand auteur français, en substance : enfant, il s’est nourri de formidables romans de SF, avant qu’elle ne devienne qu’une longue suite dystopique. « La science était encore un espoir », dit-il. Est-ce la science qui provoque l’angoisse aujourd’hui ? Est-ce un manque de temps d’assimilation pour nos cerveaux « archaïques » ? Ou de conscience sociale ? Ou bien est-ce une commercialisation effrénée qui nous contraint ?

Quelle expérience avez-vous tirée de ce pharaonique travail éditorial ? Y a-t-il par ailleurs un auteur ou une œuvre que vous auriez aimé ou aimeriez traduire en bande dessinée ? Cette aventure s’achevant avec la parution du quinzième et dernier tome en fin d’année, sur quel projet serez-vous par la suite amenée à travailler ?

C’était une aventure inédite, pionnière, elle comportait des risques et des ouvertures. Elle a abouti à un possible : la collection est parue en versions chinoise, française, allemande, anglaise… L’expérience a été clairement positive sur une construction en mosaïque, avec des auteurs de sensibilités différentes. Elle est mitigée sur le plan d’une collaboration de travail avec la Chine. Et la pandémie, qui surgit au bouclage des premiers titres en version chinoise, a ajouté en difficulté. Mais toute nouvelle expérience contient son lot de déceptions ou d’incompréhensions. Malgré tout, les livres existent. Et c’est là le plus important. Le grand public y trouvera-t-il un peu de sens ? Je le souhaite. Le Prix des lycéens a été attribué à Nourrir l’humanité lors du dernier festival d’Angoulême ; je suis ravie de constater que la jeune génération a été touchée par ce récit qui croise les thèmes de migration et de redistribution des richesses.
L’adaptation d’œuvres littéraires est l’une des nombreuses formes que peut prendre la bande dessinée. Le prisme est large : de la vulgarisation à l’appropriation et la re-création.
Avez-vous vu les adaptations japonaises en manga de notre patrimoine du savoir mondial ? (Platon, Marx, Joyce, et tant d’autres) Tout est possible, pourvu qu’un éditeur puisse le financer et que des lecteurs soient au rendez-vous. Et ce ne sont pas les œuvres littéraires passionnantes qui manquent ! J’adorerais voir Les Mémoires d’Hadrien de M. Yourcenar adapté en bande dessinée, je l’ai relu il y a peu, il m’emporte à chaque fois ! Ou bien Les Voix d’Anubisde Tim Powers, avec ses ambiances un peu gothiques… ?
En fait tout dépend de ce que l’auteur qui adaptera veut communiquer « de son ravissement » aux lecteurs ! Et comment il le fait. C’est la force ou la singularité d’une vision d’auteur qui déclenche la machine éditoriale.
L’univers littéraire de Liu Cixin montre une amplitude très particulière. Cette collection n’aurait pas pu naître en France. Je suis très contente que Guy Delcourt se soit montré intéressé au point de faire un détour par Beijing pour en acquérir les droits.
Je suis une curieuse, une « touche-à-tout » et j’aime emprunter divers chemins. Depuis la pandémie, outre Les Futurs de Liu Cixin, j’aborde la notion de « soins et cultures » dans une collection intitulée « La médecine, autrement ». 2 titres ont paru : l’un, un biopic, explore la naissance de l’ostéopathie à l’issue de la guerre de Sécession. L’autre suit un ethnopharmacologue contemporain français, Jacques Fleurentin, qui cherche à protéger notre savoir mondial sur les plantes médicinales face à une industrie du « tout moléculaire ». On y retrouve donc de l’humain et des sciences… Visiblement, j’aime cette croisée de chemins  ! Le prochain titre à paraître en 2024, La Montagne du Tao, parlera de la culture chinoise ancienne qui intègre santé et bien-être à une conception globale de l’univers.
Je suis depuis plusieurs années la série historique L’Épervier, dont le 11e volume est en préparation. J’ai reçu les premières planches récemment ! Patrice Pellerin est un fin connaisseur des arts et des savoir-faire du XVIIIe siècle, un auteur réellement passionnant, un feuilletoniste. C’est une autre couleur de récit, une autre saveur de lecture. Une plongée dans la riche histoire de la culture française.
En 2024, paraîtra aussi un récit étonnant qui mêle la Chine de Mao, la vielle Europe, un virus sélectif et quelques fake news.
Qu’importe le genre. Je ne me sens pas liée à un genre, à un style. Je suis liée à une époque, c’est déjà bien assez contraignant…
Car voilà que MidJourney et ChatGPT débarquent dans l’univers des récits en images et en mots et questionnent, de fait, l’acte de création. Elles auront sans nul doute un impact sur l’édition. On utilise déjà des illustrations au rendu photographique dans la presse. Sommes-nous prêts à gérer ce colossal virage de civilisation ? Que prévoient les gouvernants de nos sociétés sur cette déferlante ? Je crains ce ne soit l’intérêt économique qui seul préside à leur usage, et pas la question de la place de l’humain. Au risque de fracturer plus encore nos sociétés. Liu Cixin pense que les IA sont un sérieux danger pour l’humanité. Si cette avancée est formidable sur le plan scientifique, elle débarque dans un monde qui n’est pas bienveillant…

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Les Futurs de Liu Cixin – Tome 8 – Brouillage intégral — Scénario © Marko Stojanovic 2023 — Dessin © Maza 2023 — Couleurs © Desimir Miljić 2023 — Lettrage © Anne Fraisse 2023 — Adapté de © Liu Cixin — © Éditions Delcourt 2023

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Les Futurs de Liu Cixin – Tome 8 – Brouillage intégral — Scénario © Marko Stojanovic 2023 — Dessin © Maza 2023 — Couleurs © Desimir Miljić 2023 — Lettrage © Anne Fraisse 2023 — Adapté de © Liu Cixin — © Éditions Delcourt 2023

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Les Futurs de Liu Cixin – Tome 9 – La Terre transpercée — Scénario, Dessin et Couleurs © Qing Song Wu 2023 — Lettrage © Raphael Ribeiro 2023 — Couverture © Nicolas Vallet 2023 — Adapté de © Liu Cixin — © Éditions Delcourt 2023

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Les Futurs de Liu Cixin – Tome 9 – La Terre transpercée — Scénario, Dessin et Couleurs © Qing Song Wu 2023 — Lettrage © Raphael Ribeiro 2023 — Couverture © Nicolas Vallet 2023 — Adapté de © Liu Cixin — © Éditions Delcourt 2023

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Les Futurs de Liu Cixin – Tome 10 – L’Ère des anges — Scénario © Sylvain Runberg 2023 — Dessin et Couleurs © Ma Yi 2023 — Lettrage © Anne Fraisse 2023 — Adapté de © Liu Cixin — © Éditions Delcourt 2023

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Les Futurs de Liu Cixin – Tome 10 – L’Ère des anges — Scénario © Sylvain Runberg 2023 — Dessin et Couleurs © Ma Yi 2023 — Lettrage © Anne Fraisse 2023 — Adapté de © Liu Cixin — © Éditions Delcourt 2023

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Les Futurs de Liu Cixin – Tome 11 – Au-delà des montagnes — Scénario © Eduard Torrents 2023 — Dessin et Couleurs © Rubén Pellejero 2023 — Lettrage © Studio Charon 2023 — Adapté de © Liu Cixin — © Éditions Delcourt 2023

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Les Futurs de Liu Cixin – Tome 11 – Au-delà des montagnes — Scénario © Eduard Torrents 2023 — Dessin et Couleurs © Rubén Pellejero 2023 — Lettrage © Studio Charon 2023 — Adapté de © Liu Cixin — © Éditions Delcourt 2023

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Littérature et Science-Fiction en Chine — Librairie de Shanghai — Crédit photographique © Corinne Bertrand

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Thierry Robin – Illustration de la trilogie San Ti/Le Problème à trois corps — Théâtre de Shanghai — Crédit photographique © Corinne Bertrand, 2017

Vidéos

Les Futurs de Liu Cixin – Terre Vagabonde. Editions Delcourt.

The Three-Body Problem – Animated Series. Alien Delivery.

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