Devenir reine. Voilà l’objectif des personnages créés par Moyoco Anno. Chocola et Vanilla sont de charmantes petites sorcières qui ne peuvent passer inaperçues. Vanilla, très timide, ne peut échapper aux regards des autres qui l’admirent, Chocola, au caractère bagarreur, n’attire que la faveur des filles qui prennent en confiance en suivant son exemple. Deux personnages très distincts qui ne manquent pas de nous étonner. L’éditeur Kurokawa a eu raison de laisser une chance en France à ce manga adorable qui nous fait voir notre monde d’une façon bien différente.
Infos pratiques
Chocola et Vanilla
Moyoco Anno
Éditions Kurokawa
Chronique réalisée par Anaïs Sergent
HISTOIRE
Bienvenue dans le monde magique ! Là où tout nous semble inversé… Le ciel du Royaume magique se constitue de fausses étoiles collées au plafond, la magie y mène tout… Les garçons y préfèrent les filles taquines et sportives tandis que les timides ne sont pas très populaires. Chocola et Vanilla débarquent dans le monde des humains et constatent cette inversion, laquelle ne joue pas en la faveur de Chocola, mais plutôt en celle de Vanilla.
Vanilla se fait remarquer par sa maladresse et son manque de confiance en elle, même face à sa mère, Candy, l’actuelle reine. Chocola, elle, a perdu sa mère et est élevée par son grand-père, qui est pour le moins très original. Leurs aventures les font découvrir la compétition ayant eu lieu entre leurs deux mères, amenant quelques surprises sur leur chemin. Elles ne sont cependant pas les seules dans ce monde humain et dans leur grande maison : leur tuteur est Rock’n’Lovin un chanteur très célèbre chez les humaines. Celui-ci leur apporte quelques conseils utiles, mais il n’est pourtant pas présent très souvent… Les petites sorcières sont donc très indépendantes et s’adaptent à ce monde inconnu du mieux qu’elles le peuvent.
Pour obtenir le trône, elles doivent récupérer un maximum de « cœurs »ou « cordis », lesquels constituent la cristallisation des sentiments humains. Vanilla prend une grande avance dès le commencement sur Chocola qui se rattrape avec bien des efforts au fur et à mesure… Qui deviendra donc reine du monde magique ? Les deux concurrentes restent très amies malgré cette intense compétition (les meilleures du monde). Sauf à un moment… Un moment où Vanilla se laisse embarquée par de sombres personnes, les Ogres, lui promettant le trône de leur royaume qu’ils cherchent à agrandir. Chocola ne supporte pas que Vanilla accepte ce cœur noir la rendant ogresse et cherche à tout prix à la libérer de son influence.
Chaque jour est un défi où les garçons doivent tomber amoureux d’elles à la chaine. Amour passionné, amour d’amitié, amour naissant… Ils ne rapportent pas tous autant, la séduction se joue alors au quotidien et particulièrement à l’école, le terrain le plus propice à la rencontre de jeunes gens. Là-bas, Chocola rencontre Pierre, un garçon étrange de dernière année, idole de toutes les filles de l’établissement. Même elle se laisse séduire, mais attention ! Une sorcière qui perd son cœur meurt… Elle se décide à obtenir le cœur de ce bellâtre dès leur première rencontre, peu importe ce qu’elle doit faire pour cela. Sortilèges, escrime… Elle n’hésite devant rien. Elle en oublie même le cœur des autres.
Le monde des humains, mais plus particulièrement le monde magique, commence à être envahi par la noirceur des Ogres, des êtres bannis du Royaume. Une rébellion s’entame, grignotant de plus en plus de territoires, amenant la guerre, inévitable affrontement précédant le couronnement de… (À vos lectures !)
Lecture
Prenons un peu de sucreries, de pâtisseries. Le monde magique en est essentiellement constitué. La gourmandise des enfants se révèle ainsi. Ce Royaume magique ne correspond-il pas simplement à l’univers juvénile : de la magie, du sucre et du rêve ?
Chocolat, cannelle… Disons qu’il y en a pour tous les goûts. Même lorsque l’on se tourne vers les personnages. Petits et grands trouveront de quoi s’identifier. Les jeunes héroïnes semblent assez simples au premier abord, même si déjà très attachantes, mais elles se complexifient au fil de leurs aventures dévoilant défauts et qualités. Pareillement pour leurs amis et ennemis… De forts contrastes se remarquent entre la froide beauté, la douce timidité, l’amoureuse sincérité… Ils ne vous laisseront certainement pas indifférents. Qu’il s’agisse des deux caractères opposés des protagonistes, de leur tuteur pouvant à la fois envouter et agacer ou des camarades de classe dont les portraits se densifient au fil des pages… Il faut s’attendre à tout avec eux, car Moyoco Anno nous prépare l’insoupçonnable.
Son rythme, très dynamique, ne nous lâche pas, car elle l’a bien dosé. Il peut parfois être un peu trop soutenu et la narration — plutôt originale et comique d’ailleurs — n’aide pas véritablement. D’autres moments plus légers et calmes entrecoupent cette force. L’humour ne manque cependant pas, le sourire et la bonne humeur non plus. La lecture s’avère des plus agréables et donne toujours cette envie de connaitre la suite. Rebondissements, délicatesses, voilà ce qui nous maintient accrochés, voilà ce qui dévoile l’intelligence des ouvrages. Même des pages quelques fois surchargées ne peuvent nous révulser.
L’apprentissage mène la trame, ce qui peut sembler bien commun, telles les morales données, les maladresses, les découvertes, telle cette envie de petite fille de devenir reine… mais l’aventure prend en matière au fur et à mesure que le temps passe, l’univers magique est cohérent, tout comme son système, tout comme ses habitants (même si pittoresques). On observe d’un autre œil notre monde à travers ces pages, nos sentiments plus particulièrement. La réflexion n’est pas non plus poussée à l’extrême, car ce manga est destiné en temps normal aux plus jeunes. Savoir gérer ce que l’on ressent, savoir qu’il ne faut pas en avoir honte, savoir que rien n’est impossible en amour… Voilà qui peut être utile lorsque comme Vanilla et Chocola, on n’a que dix ans et que l’on arpente un monde que l’on ne connait pas réellement.
Et un peu de folie, ça ne peut pas faire de mal. On en trouve partout dans l’histoire, ce qui contraste avec notre société qui peut paraitre plate, sans surprise et froide. Le récit nous apporte un peu de fraicheur et de quoi s’aérer l’esprit. Même les humains y font preuve d’une certaine anormalité à tout âge. Des animaux nommés « serviteurs magiques » qui parlent et qui guident les petites sorcières dans le monde humain et dans leur quête… qui l’aurait cru ? Cette folie quasi omniprésente ne participe pas qu’à l’humour des livres. Ainsi la folie des Ogres est, elle, cette face noire du monde que les enfants doivent éviter. Chocola et Vanilla n’est pas que mode, amour et humour.
Oui ! Mode ! Les jolies magiciennes sont habillées par Moyoco Anno de façon à avoir toujours du style et à se démarquer des autres, et dans les vêtements la précision prime, tout comme dans l’ensemble des dessins finalement. La dessinatrice a le souci du détail et alors même les bulles de pensées sont travaillées pour être esthétiques. Les coiffures, les bijoux, les paysages, les personnages… la minutie se fait toujours présente transmettant sentiments — particulièrement au travers des regards — et mouvements.
Une série animée du même nom transpose le manga de façon presque exacte. L’univers de Chocola et Vanilla s’en trouve quelque peu agrandi. Quelques différences se retrouvent toutefois, des modifications, des ajouts mais rien qui ne puisse décevoir après lecture. Complémentarité. Quoi de plus ?
Vidéos
TrailerChocola et Vanilla–Nekopara Anime OVA – Réalisation Nekopara.
Lecture and Book Signing by Manga Artist Anno Moyoko.