Jérôme Noirez
Lors d’un entretien avec Laurent Lefeuvre pour sa série Fox Boy, nous fîmes la rencontre de son éditeur d’alors, Thierry Mornet, responsable éditorial Comics chez Delcourt. Véritable passionné de bandes dessinées, doté d’une culture et d’une gentillesse qui forcent le respect, ce dernier s’est livré avec joie à notre premier abécédaire. Qu’il en soit ici chaleureusement remercié.

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Le Garde Républicain 

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la chronique

Rencontre avec Laurent Lefeuvre et Thierry Mornet

L’Abécédaire
de Thierry Mornet

Rubrique réalisée par Franck Brénugat, Lionel Gibert et Jean-Marc Saliou

Thierry Mornet commence sa carrière vers la fin des années 1990 comme rédacteur freelance aux Éditions Bethy (collection « Mainstream ») puis aux Éditions Panini (Incredible Hulk, Kaboom, Marvel Le Magazine). Contacté par Semic, lesquels ont repris les Éditions LUG, il rejoint ces derniers en tant que rédacteur en chef et travaille à la mise en place en librairie des comics Semic — alors disponibles exclusivement en kiosque. Ainsi naissent les Semic Books. Six années plus tard, il abandonne Semic pour se joindre aux Éditions Delcourt, dont il prend en charge la collection « Contrebande » en 2005 en tant que responsable éditorial Comics. Toujours fidèle à ce poste, il met son talent au profit d’un travail visant à faire découvrir au lectorat de nouveaux horizons, qu’il souhaite bien éloignés des super-héros traditionnels aux convenances qu’il juge par trop éculées. Naissent ainsi sur notre territoire des titres aussi divers que Star Wars, Mass Effect, Fatale, Hellboy, 30 Jours de nuit, Walking Dead ou encore Criminal ou Tony Chu, autant de titres qui érigent les Éditions Delcourt comme la première maison française d’adaptation de comics. Il publie en 2012, en tant qu’auteur, chez Huginn & Muninn, l’incontournable guide de lecture Comics — Les Indispensables de la BD américaine, devenu ouvrage de référence. Depuis 2013, il publie à compte d’auteur sous le pseudonyme Terry Stillborn l’excellente série Le Garde Républicain, laquelle compte pléthore de dessinateurs incarnant ce super-héros aux accents contemporains et dont le treizième opus vient tout juste de paraitre aux Éditions Hexagon Comics. Signalons également la parution fin 2020, en collaboration avec Michel Montheillet, d’un très bel ouvrage consacré au magazine Mustang, célébrant le quarantième anniversaire de cette publication mythique : Sup’Héros — La Grande Aventure du magazine Mustang, disponible aux éditions Black & White. Petit abécédaire en images de ce découvreur de talents au rire facile et d’une gentillesse jamais prise en défaut.

Auteurs

L’élément fondateur — la pierre angulaire — de toute création, notamment dans le domaine de la bande dessinée. À l’heure où la condition d’auteur est remise en cause, où la paupérisation guette cette profession, il est indispensable de remettre l’auteur au centre du jeu.

Amitié

Sans doute ce qui est le plus indispensable dans ce métier, autant que dans la vie. Une valeur sûre, qui permet de bâtir des relations dans la durée. Les véritables amitiés sont rares, doivent se travailler afin justement de rester durables. C’est un mélange de respect et d’esprit critique, de laisser-faire et d’intransigeance, de visions partagées et d’envies communes. C’est une énergie qui permet de déplacer des montagnes.

Bandes dessinées franco-belges

De Bibi-Fricotin à Blueberry en passant par Bob Morane, la bande dessinée franco-belge regorge de classiques plus ou moins indémodables. À mon humble avis, ce format cohabite — plus ou moins de bon gré — avec les mangas et les comics, et subsiste encore en tant que format majeur en France, mais il devrait sans doute s’inspirer de ces autres formats venus d’ailleurs.

Batman

J’ai aimé lorsque j’étais gamin. Le design très réussi et l’attrait énigmatique du personnage ont de quoi interpeler… MAIS, cela fait très longtemps qu’il a été transformé en baudruche marketing, en homme-sandwich pour le compte de la Warner, en une licence surexploitée qui a perdu tout intérêt à mes yeux, au même titre que les autres super-héros. Je n’ai plus aucun intérêt pour de très nombreux super-héros US, qui sont avant tout des marques commerciales appartenant à des multinationales du divertissement (Warner et Disney en tête) et qui n’ont aucune sorte de respect et de reconnaissance pour les créateurs qui les font vivre. Et puis, je ne crois plus à ce pur fantasme adolescent. On cherche à nous faire croire que le personnage a environ une trentaine d’années depuis près de 80 ans… ☺

Bethy

J’ai eu la chance de collaborer avec Didier Pasamonik à la fin des années 1990, lorsqu’il a créé les Éditions Bethy. Je m’occupais de quelques albums de la collection « mainstream » qui proposait des rééditions de récits de super-héros en librairie.

Blek Le Roc

Un personnage immanquablement lié à mon enfance… Que je lisais dans le petit format Kiwi. Il a notamment été dessiné par quelques auteurs français remarquables comme Jean-Yves Mitton, André Amouriq ou encore Ciro Tota. Pour l’anecdote, j’ai dialogué quelques épisodes de Blek au début des années 2000, sous pseudo (celui de Terry Stillborn, déjà…) Il s’agissait d’épisodes d’une cinquantaine ou soixantaine de pages dessinés par des auteurs d’ex-Yougoslavie, qui avaient été retrouvés dans les archives de LUG, mais sans aucun texte. Le jeu consistait alors à mettre des dialogues sur un récit dont il fallait deviner la trame uniquement en regardant les vignettes. Fun !

Boris Cleet

Pseudo de l’artiste Hubert Mounier, musicien, compositeur, interprète et auteur de bande dessinée, que j’ai eu le plaisir de rencontrer — en présence de Rémy Bordelet (dessinateur et lettreur) lorsqu’il habitait encore Lyon et que je débutais ma collaboration aux Éditions LUG. L’exemple parfait de l’éclectisme et du talent protéiforme, disparu trop tôt en 2016.

Ciro Tota

L’un des auteurs de bande dessinée les plus talentueux et des plus adorables que j’ai eu la chance de rencontrer. Le papa de Photonik, de Fuzz et Fizzby et le dessinateur d’Aquablue et des Conquérants de Troy est — au côté de Jean-Yves Mitton — celui qui m’a donné envie de me diriger vers l’édition BD.

Comics

Le terme est quasiment passé dans le langage courant de nos jours. C’est drôle de voir le chemin parcouru depuis l’époque où les gens me regardaient dans les transports en commun comme si j’étais arriéré mental parce que je lisais Strange… à aujourd’hui où ce format a totalement trouvé sa place dans les librairies, alors qu’il était autrefois relégué aux publications périodiques.

Comics, Les Indispensables de la BD américaine

Comics, Les Indispensables de la BD américaine est le titre d’un ouvrage qui se veut un guide de lecture, destiné aux nouveaux lecteurs de comics aussi bien qu’aux libraires qui cherchent une base documentaire afin de conseiller leurs lecteurs, alors qu’ils ne sont pas spécialistes du genre. Sorti fin 2012 aux Éditions Huginn & Munnin, je le revisiterais volontiers afin de le mettre à jour un de ces quatre. En attendant, il m’a permis de « vider mon disque dur » personnel après une quarantaine d’années de lecture de bandes dessinées US.

Curiosité

Ce n’est pas seulement vrai dans le registre de la bande dessinée, mais il s’agit d’un ingrédient fondamental pour nourrir une passion, quelle qu’elle soit. Elle permet d’élargir les horizons, de s’intéresser à d’autres genres, à de nouveaux auteurs. 

Corteggiani

François Corteggiani est un cœur avec une barbe et une grosse voix 😉 Un artiste et un artisan de la bande dessinée populaire depuis des décennies, à l’aise dans tous les registres. Un honneur de le connaître et de le côtoyer… Trop peu souvent.

Slide 1 : Bob Morane — Les Yeux du brouillard — © Éditions Dargaud, 1971 — © Henri Vernes et William Vance
Slide 2 : Blek Le Roc — Intégrale Tome 1 — Les Origines de Blek — © Éditions Original Watts, 2016 — © Jean-Yves Mitton
Slide 3 : Comics — Les Indispensables de la BD américaine — © Éditions Huginn & Muninn, 2012 — © Thierry Mornet, 2012
Slide 4 : Haggarth — © Éditions Casterman, 2013 — © Victor de la Fuente, 1978
Slide 5 : Le Fantôme — Numéro 86 — Le Retour du négrier — © Éditions des Remparts, 1966 — © Lee Falk et Ray Moore, 1966
Slide 6 : Le Garde Républicain — Numéro 8A — © Éditions Hexagon Comics, 2017 — © Terry Stillborn, Faouzi Boughida, Jebedaï, Nathan Legendre, Bryan Wetstein, 2017 — Couverture : © Jebedaï, 2017
Slide 7 : Le Garde Républicain — Numéro 8B — © Éditions Hexagon Comics, 2017 — © Terry Stillborn, Faouzi Boughida, Jebedaï, Nathan Legendre, Bryan Wetstein, 2017 — Couverture : © Xavier Duvet, 2017
Slide 8 : Tintin au Tibet — Les Aventures de Tintin — © Éditions Casterman, 1960 — © Hergé, 1960
Slide 9 : Conan le Barbare — Conan by John Buscema Limited Portfolio — © S.Q. Productions Inc., 1980 — © Robert Ervin Howard et John Buscema
Slide 10 : King Conan — Conan and Swordplay — © Éditions Marvel Comics Group, 1981 — © Robert Ervin Howard et John Buscema

Delcourt

Je collabore avec Guy Delcourt depuis près d’une quinzaine d’années, en étant responsable du catalogue Comics de sa maison d’édition. Les Éditions Delcourt sont à mon sens — en toute objectivité — un exemple en matière d’éclectisme, de variété et de qualité… Sans oublier le fait que cette maison est depuis plusieurs années le premier éditeur indépendant du marché.

De la Fuente

Victor de la Fuente est sans aucun doute l’un des auteurs les plus brillants et talentueux que la bande dessinée moderne ait vu évoluer. Il n’a jamais rencontré le succès que son talent méritait, mais il savait absolument TOUT dessiner. Il s’est illustré dans des registres aussi variés que le Western (Amargo, Sunday, Los Gringos, Tex Willer) que l’Heroic Fantasy (Haggarth, Mathaï-Dor) ou encore la BD historique (L’Histoire de France en BD, La Vie de Charles de Gaulle).

Eisner

Will Eisner est l’auteur qui m’a le plus impressionné. Aussi bien par son talent à la hauteur de son humilité que par son extraordinaire accessibilité et sa dimension en tant qu’être humain. L’un des auteurs qui ont cherché (et souvent trouvé) à faire évoluer le langage de la bande dessinée pendant plus de soixante ans de carrière. L’un des rares êtres humains que j’ai eu la chance de rencontrer et qui m’ont réellement impressionné.

Éditions USA

Créées par Fershid Barusha — un de mes « mentors » involontaires avec Jean-Pierre Dionnet et Jacques Colin — les productions des Éditions USA m’on fait comprendre que la bande dessinée américaine ne se limitait pas aux seuls (et Ô combien limités) super-héros. Envoyé par Jean-Pierre Dionnet (de Métal Hurlant) aux USA afin de rapporter des récits à publier dans le magazine, Fershid est rentré avec bien plus de matériel que ce que Metal Hurlant pouvait absorber. Fershid a alors créé un magazine afin de publier ces récits. Quel bonheur de découvrir Corben, Adams, Bodé, et tant d’autres dans des registres bien différents que ceux des super-héros !

Fantôme du Bengale

Le Fantôme créé par Lee Falk m’a toujours fasciné. Sans doute parce qu’il est un mélange de seigneur de la jungle (Tarzan, Zembla, Akim, Yataca…) et de super-héros. Je l’ai découvert plus tard, mais l’aspect « transmission » et « héritage » est une des caractéristiques du personnage qui m’intéresse le plus.

Garde Républicain

Un personnage de super-héros (un genre qui pourtant ne m’intéresse plus guère depuis bien longtemps) français, défenseur des valeurs de la République, créé alors que j’étais ado (dans le cadre d’un concours de dessin organisé dans les pages d’une revue LUG), et que j’ai exhumé à l’aube de mes 50 ans, histoire de me frotter à certains aspects de la création en bande dessinée. Le concept d’origine a été dépoussiéré et mis à jour pour devenir une série qui compte une douzaine de numéros à ce jour, auto-édités, et qui me permet d’accueillir quelques auteurs avec qui j’ai une réelle envie de collaborer. Un véritable espace de liberté de création et d’édition, un « bac à sable récréatif » animé par la passion, l’envie de faire et sans aucune contrainte. Le bonheur. ☺

Giraud/Mœbius

Le génie à l’état pur. Une capacité à se remettre en cause, à briller dans différents domaines (bande dessinée, comics, illustration, cinéma…) Un maître, que je n’ai pas eu la chance de rencontrer, seulement de croiser avant sa disparition, et qui laisse un héritage colossal.

Hergé

Incontournable… Même si je ne dispose chez moi que d’un seul album qu’il a réalisé, lié à mon histoire personnelle. Je n’ai jamais vraiment aimé Tintin… Sauf Tintin au Tibet, qui reste l’une de mes Madeleines, découvert lorsque j’avais 7 ou 8 ans.

Kirby

Jack Kirby était un catalyseur d’imagination et un créateur incomparable de mondes. Un rêveur capable d’entrainer des générations entières de lecteurs et d’autres créateurs sur ses pas. Un Léonard de Vinci, un bourreau de travail et un fumeur de cigares ; un auteur à qui le monde du divertissement doit beaucoup plus que ce que ce dernier ne sera jamais capable de lui rendre. Jack Kirby était et restera un créateur inimitable et incomparable. 

Kiwi

Outre le personnage créé par Jean Cézard, c’est le petit format des Éditions LUG disponible dans les tourniquets en maison de la presse que je retiens ici. Il abritait les aventures de Blek Le Roc, un des héros de mon enfance. Amusant et héroïque en même temps.

LUG

La mythique maison d’édition lyonnaise. Elle a baigné des années de divertissement au cours de mon enfance et de mon adolescence en produisant des magazines et périodiques aux noms magiques tels que Kiwi, Strange, Titans, Nova, Spécial Strange et les albums Conan et Les Fantastiques. Devenue Semic à la fin des années 1980, j’y ai collaboré en tant que rédacteur en chef/éditeur.

Lefeuvre

Laurent Lefeuvre est l’un des auteurs qui à mon sens sont parvenus à réussir la fusion parfaite entre la bande dessinée d’expression française et les codes des comics américains. Un talent et une voix avec laquelle la bande dessinée va devoir compter au cours des décennies qui viennent. Et c’est aussi un type extraordinaire, pétillant d’intelligence, de gentillesse, de malice et de passion. Sans oublier un bourreau de travail, jamais satisfait de son travail.

Slide 1 : Fox-Boy — Tome 2 — Angle Mort — © Éditions Delcourt, 2016 — © Laurent Lefeuvre, 2016
Slide 2 : Akira — Tome 6 — © Éditions Glénat, 2000 — © Katsuhiro Otomo, 1982
Slide 3 : Métal Hurlant — Tome 6 — Le Major Gruber — © Éditions Les Humanoïdes Associés, 1975 — Couverture : © Mœbius, 1975
Slide 4 : Le Surfeur d’Argent — © Éditions Marvel Comics, 1973 — © Jean-Yves Mitton, 1973
Slide 5 : Planche originale du poster du numéro 182 de la revue Strange — © Éditions LUG, 1985 — © Jean-Yves Mitton, 1985
Slide 6 : Rahan — Couverture originale du numéro 331 de l’hebdomadaire Pif Gadget — © Éditions Pif Gadget, 1975 — © André Chéret, 1975
Slide 7 : Star Wars — Un nouvel espoir — © Éditions Panini Comics, 2016 — © Roy Thomas et Howard Chaykin, 1978 — © Couverture : Adi Granov, 2016
Slide 8 : Batman Année Un — © Éditions Urban Comics, 2012 — © Frank Miller et David Mazzucchelli, 1987
Slide 9 : Walking Dead — Tome 8 — Une vie de souffrance — © Éditions Delcourt, 2009 — © Robert Kirkman et Charlie Adlard, 2009
Slide 10 : Zembla — Numéro 7 — © Éditions LUG, 1964 — © Franco Oneta, 1964
Slide 11 : Sup’Héros – La Grande Aventure du magazine Mustang — © Éditions Black & White, 2020 — © Michel Montheillet 2020 — © Thierry Mornet 2020

Manga

Même si je suis affublé d’une étiquette réductrice d’éditeur de comics, les mangas m’ont embarqué à une époque (Otomo — sur Akira bien entendu — mais aussi Tezuka et Urasawa) et perdu ensuite très vite. Plus par manque de temps à y consacrer que par manque d’envie.

Métal Hurlant

LE magazine par définition, celui qui m’a mis le feu au moment où les super-héros commençaient sérieusement à perdre de leur intérêt à mes yeux. Éclectisme, rock n’ roll, délirant ! Étant ado, j’ai rêvé de collaborer à Métal! Une publication absolument légendaire. Une madeleine.

Mitton

Jean-Yves Mitton est celui qui m’a fait comprendre que l’on pouvait être auteur de comics… tout en étant français. Ses épisodes du Silver Surfer et sa série Mikros ont été un catalyseur. Un grand Monsieur très productif (même s’il continue à dire que ce sont les autres qui sont lents), capable de TOUT dessiner, et qui est devenu un ami avec qui j’ai eu le plaisir autant que l’honneur de collaborer depuis quelques années.

Oneta

L’auteur (Franco mais aussi son frère Fausto) infatigable et extrêmement productif de milliers de pages des aventures improbables de Zembla ! Il est également le dessinateur d’une série intitulée Mustang (dans le magazine éponyme) mettant en scène Ozark, un personnage que j’ai eu le plaisir de reprendre l’espace de quelques épisodes au cours des années 2000.

Pif Gadget

Avant Métal, Pif a été ma première découverte de la bande dessinée en kiosques. L’éclectisme des récits (de Rahan à Doc Justice, en passant par Le Grelé 7-13 ou Loup Noir) mélangeant aventures, sérieux et humour a baigné mon enfance.

Petits Formats

Plus accessibles que les magazines de BD, par leur faible prix, ils ont rempli mes après-midi aussi sûrement qu’ils ont vidé mes poches ! ( Mes préférés étaient dans un premier temps Mister No, Kiwi, Sunny Sun, Yataca, Zembla ou encore Atemi… Avant de découvrir que de nombreux autres titres abritaient des séries de super-héros (L’Inattendu, Le Fils de Satan, Hulk, Étranges Aventures…).

Rahan

L’un des principaux héros de mon enfance. J’étais fasciné par les aventures de ce personnage hors-norme, au-dessus des autres… Mais aussi et surtout — je l’ai compris plus tard par l’ultra-dynamisme du dessin d’André Chéret ! Quelle énergie dans ces cadrages et ses mises en page !

Star Wars

Une influence majeure au cinéma lors de la sortie de La Guerre des Étoiles en 1977, relayée très vite par la bande dessinée qui poursuivait le récit du film. Pour une fois l’interaction entre bande dessinée et cinéma fonctionnait. J’ai compris plus tard que ce n’était sans doute pas un hasard, compte tenu des influences (Flash Gordon notamment) de George Lucas. Pour l’anecdote, j’ai lu l’adaptation de ce premier film (par Roy Thomas et Howard Chaykin… sous couverture de Jean-Yves Mitton) chez LUG en VF avant d’aller voir le film en salle. 

Semic

Une belle aventure éditoriale de 1998 à 2004, menée aux côtés de collaborateurs venus du monde des fanzines comme moi (Jean-Marc Lainé, Hervé Graizon, Sylvain Delzant, Jean-François Porcherot notamment) et d’auteurs qui ont réalisé leurs premiers travaux à cette occasion. Très heureux et fier que certains parmi eux soient devenus des professionnels confirmés de la BD (Olivier et Stéphane Peru, Louis, Patrice Lesparre, Jean-Jacques Dzialowski, Luca Blengino, Luca Erbetta, Manuel Garcia, Fernando Pasarin, etc.) mais aussi d’avoir pu collaborer avec certains des héros de mon enfance (Jean-Yves Mitton, Luciano Bernasconi, Devi, Luigi Merati, Patrick Dumas, François Corteggiani, Norma, etc.) Dommage que cette belle aventure éditoriale se soit terminée en queue de poisson pour cause de profondes divergences avec la direction de l’époque.

Super-Héros

Les personnages Marvel et DC m’ont fasciné pendant des années : sans doute le fantasme adolescent du surhomme, de la surpuissance. Abandonnés depuis longtemps au profit de créations plus personnelles, dans des registres différents et qui m’intéressent plus. Un sentiment amplifié notamment lorsque j’ai compris qu’ils appartenaient à des méga-corporations du divertissement (Disney et Warner en tête) qui en possèdent les droits sans pour autant respecter les artistes qui créent pour ces dernières.

Stillborn Terry

Un pseudo basé sur un jeu de mots douteux et un peu idiot qui m’a toujours fait rire (Stillborn signifiant Mort-né en anglais) trouvé par Jean-Paul Jennequin, et que j’ai adopté la première fois en rédigeant des articles pour le fanzine Scarce (dédié à la bande dessinée américaine). Je l’ai conservé ensuite en scénarisant quelques récits de Zembla, Kabur ou Blek chez Semic, afin de différencier cette activité de celle d’éditeur. Lorsque j’ai commencé à travailler sur Le Garde Républicain, je l’ai repris avant tout pour faire un clin d’œil à Jean-Yves Mitton qui — au début — signait les aventures de Mikros d’un pseudo américanisé John Milton.

Walking Dead

Une série phénomène que j’ai eu la chance d’éditer d’abord chez Semic, avec un succès mitigé, puis reprise chez Delcourt avec le succès que l’on sait. Cette série a présidé au second gros changement du paysage de l’édition des comics en France. La première modification a été marquée par l’irruption graduelle des comics en librairie alors qu’ils avaient toujours été relégués aux kiosques. Walking Dead a permis à tous les éditeurs de se rendre compte qu’une série de comics pouvait être un succès durable en librairie. À la suite du succès de Walking Dead, de nombreux éditeurs majeurs (Media Participations, Glénat) se sont lancés dans l’édition de comics alors qu’ils avaient délaissé ce genre jusqu’alors.

X-Men

Même si leurs aventures m’indiffèrent au plus haut point depuis une vingtaine d’années, la série est fondatrice de l’âge moderne des comics de super-héros. Figure de proue du magazine Spécial Strange de LUG, elle a baigné mon adolescence.

Y The Last Man

Une série que j’ai eu le plaisir d’éditer pour la première fois en France au début des années 2000, par Brian K. Vaughan et Pia Guera. Un fleuron du label Vertigo des éditions DC Comics qui raconte comment le dernier homme sur Terre — ayant échappé à la disparition de tous les humains mâles — tente de survivre dans un monde exclusivement composé de femmes. Pas aussi idyllique que le pitch le laisse penser… Brillant et intemporel.

Yataca

Un « tarzanide » qui faisait les beaux jours d’un petit format publié par les éditions Mon Journal. 

Zorro

À la télévision, bien sûr, avec Guy Williams dans le rôle-titre… Mais aussi en bande dessinée — découverte des années plus tard par le grand Alex Toth.

Zembla

Créé par Augusto Pédrezza (le papa de Akim), puis très vite écrit et dessiné par les frères Franco et Fausto Oneta, ce « tarzanide » abordait le genre avec humour. Zembla rencontrait un succès tel que le petit format qui abritait ses aventures au sein d’une jungle de pacotille paraissait tous les 15 jours à une époque. Pour l’anecdote, j’ai eu l’immense plaisir de scénariser quelques aventures de Zembla au début des années 2000 dans un genre plus sérieux… Ce qui n’était pas forcément la meilleure des idées 😉

Zenda

Un éditeur créé à la fin des années 1980, dont les moins de 40 ans ne peuvent sans doute pas se souvenir, mais qui a marqué — avec Éditions USA et LUG — le monde de l’édition des comics en VF. Créée par Jacques Colin, Doug Headline (le fils de Jean-Patrick Manchette) et Frédéric Manzano, Zenda a permis de voir débarquer en grande pompe et en librairie une vague d’œuvres néo-classiques comme Watchmen, V pour Vendetta et Dark Knight Returns.

Zaffino

Jorge Zaffino est à mon avis l’un des secrets « les mieux gardés » de la création BD du XXe siècle. Décédé malheureusement trop tôt (en 2002 à l’âge de 42 ans), cet auteur argentin au style atypique mérite de figurer au panthéon de la bande dessinée mondiale par la qualité de son graphisme et la force d’expression de ses ambiances.

Vidéos

Thierry Mornet en interview sur TechArtGeek. ToysAndGeek.

Thierry Mornet – Éditeur en chef chez Delcourt. Star Wars Universe.

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